Les Echos, no. 20999 - Marchés, lundi 22 août 2011, p. 6
L'or bat un nouveau record. Les métaux de base résistent plutôt bien aux anticipations d'un marasme économique. Les matières agricoles souffrent un peu plus.
Vendredi, l'or a joué pleinement son rôle de valeur refuge, alors que les marchés actions chutaient de nouveau. Le métal jaune a atteint pour la première fois 1.878,15 dollars l'once, avant de se replier sous 1.852,20 dollars. Dans le même temps, les matières premières résistaient. Le S&P GSCI qui regroupe 24 « commodities » évoluait en territoire positif. Les métaux de base s'appréciaient. Le cuivre, considéré comme le baromètre de l'économie, comme l'aluminium étaient dans le vert.
Certes, depuis le début du mois, les cours des métaux ont été influencés par les inquiétudes sur la croissance économique mondiale -le LME index a lâché 11,7 % mais comparé aux marchés actions (20 % pour l'Eurostoxx), cette baisse est relative. « Sur la même période, le minerai de fer, la potasse, les terres rares ont vu leur prix s'apprécier. Il n'y a pas de raison particulière pour que les métaux non cotés performent quand les métaux cotés se replient. C'est donc que la baisse des métaux cotés tient à un désengagement de la part d'investisseurs spéculatifs et non un sentiment négatif lié à l'activité économique », explique Raphaël Dubois, gérant actions matières premières et infrastructures chez Edmond de Rothschild AM. A l'origine de cette bonne tenue des cours, le fort appétit de la Chine, premier consommateur en métaux de base. En juillet, ses importations de cuivre ont augmenté de 9,5 % par rapport à juin, au plus haut depuis six mois ; ses achats de minerai de fer ont progressé de 7 % .
Désengagement massif
Enfin, si les matières premières agricoles ont parfois souffert du désengagement massif des investisseurs financiers, dans certains cas, l'évolution des cours s'explique par des facteurs intrinsèques. A 723 dollars le boisseau, le cours du maïs reste élevé. « Le bilan des Etats-Unis, premier exportateur de maïs, reste extrêmement tendu. Le marché sait que la récolte ne sera pas suffisante pour répondre aux besoins domestiques et aux exportations », indique François Luguenot, analyste chez Invivo.
En revanche, les cours du blé ont perdu 13 % par rapport à janvier. « La Russie a levé son embargo sur les exportations et elle tient un discours très optimiste sur ses disponibilités. Les investisseurs sont rassurés. Le blé fourrager est abondant et devrait être massivement utilisé en alimentation animale et dans l'industrie de l'éthanol européennes. Mais le bilan mondial 2011-2012 paraît toujours déséquilibré : les stocks devraient encore baisser et donc les prix remonter d'ici la fin de la campagne », ajoute François Luguenot.
LAURENCE BOISSEAU
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