Le Monde - Economie, jeudi 4 août 2011, p. 13
En juillet, dans les usines chinoises, les commandes sont reparties de plus belle. Signe que, dans l'empire du Milieu, la politique monétaire n'a pas été durcie outre mesure. De fait, Pékin a bel et bien freiné l'activité de prêt, mais cela a amené les entreprises chinoises à emprunter davantage à l'étranger.
Outre les prêts consentis par les banques hongkongaises, les émissions obligataires à l'étranger sont elles aussi en forte hausse. Des pratiques qui entravent les efforts déployés par Pékin pour juguler l'inflation galopante.
En Chine même, les prêts bancaires sont en recul de 51 milliards de dollars (35,9 milliards d'euros), soit 7 %, sur le premier semestre, tandis que le financement obligataire des entreprises n'affiche qu'une légère hausse. Dans le même temps, les émissions obligataires par les entreprises chinoises à Hongkong sont passées en un an d'un niveau quasi nul à 7 milliards de dollars. Et si l'octroi de crédits par les banques de Hongkong continue sur sa lancée, les emprunts à l'étranger devraient croître de 42 milliards de dollars cette année. Au final, les entreprises chinoises devraient donc emprunter en 2011 environ la même somme qu'un an plus tôt.
Or, l'afflux de fonds en provenance de l'étranger ne contribue ni à réduire l'inflation ni à apaiser les tensions sur le marché de l'immobilier. Les prix à la consommation ont progressé de 6,4 % en juin. Les promoteurs immobiliers en manque de fonds se refusent à baisser les prix - et ce en dépit de la chute brutale des ventes -, en partie grâce aux possibilités d'emprunt à l'étranger. Les banques d'Etat elles-mêmes n'hésitent pas à se financer hors des frontières...
Le contrôle du crédit en Chine même contribuera peut-être à rendre les banques chinoises plus sûres, mais les risques se répercutent sur les établissements et sur les investisseurs à l'étranger. Le régulateur hongkongais HKMA a déjà averti ses banques qu'au vu de la tendance actuelle, des pressions sur le crédit et sur les liquidités étaient inévitables.
Marché risqué
Ainsi, selon la HKMA, la moitié à peine des prêts sont collatéralisés par des dépôts bancaires en Chine ou adossés à des garanties fournies par les plus grands établissements du pays.
Le marché obligataire offshore paraît lui aussi risqué pour les investisseurs : selon HSBC, la moitié des obligations libellées en yuan émises à Hongkong en 2011 étaient classées dans la catégorie " junk bonds " (obligations pourries).
Ce type de substitution est caractéristique des économies de marché et témoigne d'une bienveillance accrue de Pékin à l'égard de la libéralisation des marchés. Mais il serait bon d'y voir aussi une invitation à méditer sur l'efficacité des politiques qui, comme la maîtrise de l'inflation, dépendent uniquement de l'autorité centrale.
Wei Gu
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