La Tribune (France), no. 4779 - L'événement, jeudi 4 août 2011, p. 3
Devenu premier pays producteur en 2007, le pays extrait la moitié du métal jeune produit dans le monde. Et veut s'attaquer à l'Australie.
La production chinoise d'or fait pâlir d'envie les autres pays aurifères. En 2010, elle a encore augmenté de 8,5 % avec 340 tonnes de métal précieux extraits de ses sous-sols, selon la China Gold Industry Association. Devenu le premier pays producteur en 2007, le pays fournit désormais la moitié de la production annuelle à la planète. Alors que partout ailleurs les filons semblent s'épuiser, comment fait la Chine? " Le gouvernement soutient activement la filière, les prix s'envolent créant une puissante motivation et les technologies s'améliorent. Nous prévoyons une croissance stable pour les prochaines années, et d'ici à 2015 la Chine devrait produire 400 tonnes par an ", estime Zhang Ping Nan, le secrétaire général de l'association. Le secteur s'est aussi considérablement consolidé : il y avait 1.200 compagnies minières exploitant de l'or en 2002, elles étaient 700 en 2010. Les dix premiers exploitants chinois sont d'énormes entreprises contrôlées par l'État, qui totalisent 49,19 % de la production du pays.
La China National Gold Group Corporation (CNGGC) est l'une des principales d'entre elles. Elle a acquis les droits d'exploitation de Yangshan, la plus grande mine du pays avec un stock estimé de 200 à 500 tonnes selon les experts. Avec la hausse des cours, elle fait aussi revivre des mines, auparavant non rentables dans des provinces de l'ouest de la Chine. Selon un entretien accordé par son président, M. Sun au très officiel " Quotidien du peuple ", la CNGGC prévoit d'investir à l'étranger, notamment en Afrique.
De son côté, Zijing Group, le numéro un chinois (69 tonnes en 2010) possède déjà 17 % de l'australien Norton. Et selon le " China Security Journal ", elle devrait bientôt investir 193 millions de yuans supplémentaires dans d'autres mines du pays. Ironie du sort, ce sont les grands groupes australiens qui, avec d'autres investisseurs étrangers notamment des Canadiens, avaient dans un premier temps permis de développer la filière aurifère chinoise, sortie d'une longue torpeur liée au monopole de l'armée. La porte s'était ensuite refermée pour des motifs stratégiques. En octobre 2007, le secteur aurifère avait brusquement disparu des " secteurs encouragés " du catalogue des investissements industriels étrangers. Seule inquiétude pour le brillant avenir de l'or chinois, le gouvernement surveille de très près l'impact écologique des mines, surtout si les accidents environnementaux devaient dégénérer en troubles sociaux. 10 % du riz chinois serait empoisonné aux métaux lourds. Et surtout au cadmium, un métal extrait dans les mines de zinc et d'or. L'été dernier, Zijing Group s'était retrouvé au coeur d'un scandale après des fuites d'acide de cuivre dans la rivière Ting, près de la mine Zijinshan.
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