Les fonds détenant des obligations des collectivités chinoises enregistrent de lourdes pertes.
Quand le spectre de la dette apparaît même en Asie, nouveau moteur de la croissance mondiale, il fait frémir les marchés. L'annonce, fin juin, d'un endettement record inattendu des collectivités locales chinoises a rendu les investisseurs nerveux ces dernières semaines. Le Bureau national de l'audit (BNA) avait conclu dans un rapport inédit que provinces et municipalités de Chine avaient accumulé près de 1 160 milliards d'euros de prêts fin 2010. Selon certains économistes, le chiffre pourrait même atteindre 1 500 milliards d'euros. Une nouvelle peu goûtée par le marché obligataire, où les municipalités chinoises enregistrent les unes après les autres des reculs cuisants. Le fonds d'investissement de développement de la ville de Fuzhou, dans le Sud-Est, a par exemple perdu 7,8 % au cours des derniers jours.
Une croissance à deux chiffres
Sur le plan macroéconomique, Pékin est loin de Washington. L'empire du Milieu est riche, assis sur un tas de devises avec des réserves de change estimées à plus de 3 000 milliards de dollars. Sa croissance, encore à deux chiffres l'an dernier, fait le reste. Mais les banques sauront-elles résister ? La question est sur toutes les lèvres. Les établissements financiers ont prêté 80 % des milliards cités par le BNA, à la faveur du plan de relance adopté fin 2008 par le gouvernement central. « Une large partie de ces prêts, si ce n'est la majorité, ne seront pas couverts par les projets qu'ils financent », estime Stephen Green, économiste de la Standard Chartered Bank à Hongkong.
La China Banking Regulatory Commission évalue, pour sa part, entre 220 et 330 milliards d'euros le montant des créances douteuses déjà contractées par les quelque 10 000 véhicules d'investissements mis en place par les collectivités locales, qui ne sont pas habilitées à emprunter en Chine. Ils devraient, par ailleurs, payer entre 65 et 100 milliards d'intérêt dès cette année. « Il y a un risque élevé pour le secteur financier. Mais c'est un pays socialiste. Le gouvernement interviendra et les banques ne feront pas banqueroute », prévoit Lu Ming, professeur d'économie à l'université de Fudan à Shanghaï. Le dernier sauvetage de ce genre avait eu lieu entre 1998 et 2005, pour absorber les effets de la crise asiatique. L'addition s'était alors montée à 437 milliards d'euros, soit 22 % du produit intérieur brut chinois de l'époque.
1 160 milliards d'euros : Montant des prêts accumulés fin 2010 par les provinces et municipalités de Chine
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