l'Humanité - Monde, mercredi 7 septembre 2011
La Chine met des conditions à la reconnaissance du Conseil national de transition, qui l'accuse d'avoir livré des armes à Kadhafi.
On trouve de tout dans des dépôts d'ordures de Tripoli ! Même de curieux documents exhumés à point nommé des poubelles du quartier de Bab Akkarah, par les forces du Conseil national de transition (CNT) et à charge contre la Chine. Leur publication lundi par le Globe and Mail et le New York Times révèle ainsi que des firmes chinoises ont offert de vendre pour environ 200 millions de dollars d'armements aux forces de Muammar Kadhafi en juillet dernier. « Nous avons des preuves solides de contrats passés entre la Chine et Kadhafi et nous avons tous les documents pour le prouver », exultait un porte-parole du conseil intérimaire au pouvoir, Abdoulrahman Bousin, au New York Times. Faux rétorque Pékin : « Nos entreprises n'ont fourni aucune arme que ce soit à la Libye de manière directe ou indirecte. » Niant toute entorse à l'embargo, le ministère chinois des Affaires étrangères a toutefois reconnu que des membres de l'administration de Kadhafi s'étaient rendus en Chine à l'insu des autorités pour rencontrer les sociétés intéressées. Des visites qui n'ont pas eu de suite, affirme le ministère.
L'authenticité de ces documents est loin de faire l'unanimité. Même du côté de l'Otan, on juge « hautement improbable » ces contrats, rapporte le New York Times. Des membres de l'ONU chargés de faire respecter les sanctions déclarent que « rien concernant des contrats d'armement avec la Chine n'a été porté à (leur) attention », ajoute le quotidien.
Le pavé dans la mare des relations déjà tourmentées entre les ex-rebelles, aujourd'hui au pouvoir, et Pékin pourrait être la réponse du berger à la bergère après les réticences chinoises exprimées ce week-end de lever le gel des avoirs libyens à l'étranger. Le président du conseil intérimaire, Moustapha Abdeljalil, a accusé la Chine de « faire obstruction à leur déblocage » et a exigé des explications quant à cette « attitude inattendue ».
La Chine, très impliquée dans la technologie pétrolière en Libye avec une vingtaine de milliards de dollars d'investissement dans ce secteur et la présence de plus de 30 000 Chinois sur les chantiers dans des projets de routes, de ponts, de chemins de fer, mais aussi dans le secteur des télécommunications, aspire à régler au mieux de ses intérêts l'après-Kadhafi. Pékin, qui s'était déjà démarqué des Occidentaux en s'abstenant de voter l'intervention militaire, reste prudent, affirmant hier qu'il reconnaîtra le CNT en tant que représentant légitime du peuple libyen « quand les conditions seront réunies ». Tout en admettant son rôle important.
La presse chinoise de jeudi livrait en appui une vision peu optimiste de l'après-Kadhafi, estimant « inévitable que le chaos et le conflit émergent alors que les différentes factions de l'opposition se battront pour le leadership politique ». Rappelant au passage que « Kadhafi a nationalisé les ressources qui étaient auparavant contrôlées par les compagnies pétrolières occidentales », le Quotidien du peuple estime qu'« au sein même de l'opposition, il y a un certain nombre de factions qui ne possèdent pas un noyau politique faisant autorité. Sachant que cette opposition compte de nombreuses factions armées et que l'idée même d'unité est faible, on ne sait pas vraiment si la Libye pourra maintenir l'unité de la nation. »
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