Les Echos, no. 21030 - Industrie, mardi 4 octobre 2011, p. 21
Face à l'explosion attendue de la demande de ces 17 éléments chimiques dont les prix ont récemment flambé, le chimiste tricolore veut donner une nouvelle vie aux composés. Il se dote aussi de nouvelles capacités de production et mise sur l'innovation.
Rhodia attaque le problème des terres rares par tous les fronts. Face à l'explosion attendue de la demande de ces 17 éléments chimiques dont les prix ont récemment flambé, le chimiste tricolore a décidé de recycler davantage. Après les ampoules basse consommation et les batteries, le groupe, désormais partie intégrante du belge Solvay, veut donner une nouvelle vie aux composés inclus dans les aimants.
Concrètement, l'industriel récupérera le concentré de terres rares (néodyme, praséodyme, dysprosium, terbium) auprès de partenaires spécialisés dans le recyclage des aimants, puis il le raffinera et le reformulera sur son site historique de La Rochelle.
« A terme, le recyclage pourra représenter plusieurs dizaines de points de pourcentage de l'activité terres rares. Il permet d'améliorer le coût d'accès aux matières premières, ainsi que leur disponibilité physique », explique Jean-Pierre Clamadieu, numéro deux de Solvay. Si l'investissement est modeste à l'échelle du groupe (quelques dizaines de millions d'euros), il intervient sur un secteur porteur : les aimants sont par exemple très utilisés dans les éoliennes, les voitures électriques ou les disques durs d'ordinateurs.
Progression des volumes
« En termes de conjoncture globale, les interrogations qui peuvent poindre chez nos clients pour le quatrième trimestre ne concernent pas les terres rares. Dans ce domaine, notre chiffre d'affaires doit avoisiner les 500 millions d'euros cette année, contre 226 millions l'an dernier », précise Jean-Pierre Clamadieu. Un bond qui s'explique, d'une part, par la haussedes volumes : à l'échelle mondiale, la production doit progresser chaque année à un rythme compris entre 6 et 10 % d'ici à 2015, pour atteindre 185.000 tonnes à cet horizon, contre 125.000 tonnes l'an dernier. D'autre part, les prix tutoient les sommets, sous l'effet notamment de la diminution des quotas chinois d'exportation de terres rares dites « non séparées ».
« Le kilo de terbium atteint 4.000 dollars, contre 600 il y a deux ans ! Je n'avais jamais vu ça de toute ma longue carrière », témoigne Olivier Touret, vice-président en charge des terres rares chez Rhodia. Ce dernier rappelle que la Chine détient seulement 30 % des réserves mondiales de terres rares, mais concentre 97 % de la production.
Pour contribuer à desserrer l'étau, Rhodia, qui détient 20 % du marché des formulations à base de terres rares, attaque un deuxième front, celui des capacités de production. Le groupe a annoncé hier le démarrage d'une nouvelle unité sur son site de Liyang, en Chine. Jusque-là dédié à l'électroluminescence, il va désormais produire des terres rares destinées au marché local de la catalyse automobile.
Le chimiste cherche aussi à diversifier ses approvisionnements. Outre son accord avec l'australien Lynas, qui porte sur une nouvelle usine en Malaisie, il cherche à nouer des partenariats avec des groupes chinois. Dernier levier, enfin, l'innovation. Dans ce domaine, Rhodia a inventé un nouveau composant qui permet d'utiliser un tiers de terbium en moins par lampe fluorescente.,
LAURENCE BOLLACK
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