mardi 4 octobre 2011

Cuivre, aluminium : la chute des cours des métaux s'accélère

Les Echos, no. 21030 - Marchés, mardi 4 octobre 2011, p. 31

Le ralentissement de la demande inquiète les professionnels des métaux. Ces derniers sont en repli sensible par rapport à l'année dernière.

Les années passent et ne se ressemblent pas. A Londres, cette semaine, sans tomber dans un pessimisme à tout-va, l'ambiance chez les professionnels des métaux tranche avec celle de l'an dernier. 2010 avait été l'année de tous les records : début octobre, le cuivre valait 8.100 dollars la tonne, en hausse de 35 % sur un an ; l'aluminium avait gagné 25 % en douze mois... Aujourd'hui, la tendance n'est plus la même. La tonne de cuivre a encore reculé de plus de 4 % hier en séance, à 6.636 dollars, tombant à son niveau le plus bas depuis juillet 2010, et affiche un repli de 27 % depuis le début de l'année. L'aluminium accuse, lui, un recul de 18 % depuis le 1er janvier. Quant au nickel, il s'est effondré de 27 % et ne cote plus que 18.630 dollars la tonne.

Les records de prix battus au début de l'année 2011 sont maintenant loin. L'envolée des métaux a connu un coup d'arrêt brutal dès le mois de mai, qui s'accélère désormais avec la vigueur du dollar et les risques de ralentissement de l'économie mondiale. La publication de statistiques américaines décevantes ont en effet suffi à rappeler aux investisseurs -essentiellement des fonds spéculatifs -que, sans la relance publique, l'économie américaine risquait de ralentir. Depuis cet été, avec la crise de la dette en Europe comme aux Etats-Unis, les investisseurs ne savent plus trop de quelle ampleur pourrait être la correction.

Pénalisés par Ben Bernanke

A la mi-septembre, les commentaires de Ben Bernanke, président de la Réserve féderale, sur le risque de ralentissement de l'économie américaine sont venus jeter de l'huile sur le feu de marchés déjà très perturbés. D'autant que, le même jour, la Chine, premier pays consommateur de métaux industriels dans le monde, faisait état d'une nouvelle contraction inattendue de son activité manufacturière et que le Bureau mondial révélait un excédent sur tous les métaux, à l'exception de l'étain, à la fin septembre.

A Londres hier, les professionnels étaient globalement peu optimistes sur le marché des métaux à court terme, l'activité chinoise ayant peu de chances de combler le manque d'appétit du reste du monde. Selon l'institut CRU, pour compenser une baisse de la consommation de cuivre de 10 % dans les autres pays, la demande chinoise, qui représente plus de 40 % du total, devrait augmenter de 16 %, et celle d'aluminium de 14 %. Des croissances qui semblent bien trop élevées. Parmi les métaux, ce sera sans doute le métal gris qui devrait tirer le mieux son épingle du jeu, car il peut se substituer facilement au cuivre, qui vaut plus cher.

Pour le moyen terme, les discours des analystes étaient plus optimistes. Pour la banque Macquarie, l'offre, en raison des grèves, de la diminution de la teneur en minerai et des catastrophes naturelles, se révèle structurellement chaque année inférieure aux attentes. Quant aux coûts de production (énergie, travail), ils ne cessent de monter. Autant de facteurs qui sont de nature à garantir au métal un prix élevé. Un optimisme qui n'est pas de mise partout : « Les marchés qui ont réagi de manière excessive aux propos de Ben Bernanke devraient se reprendre. La vraie purge interviendra plus tard, quand les taux américains remonteront. L'exécutif américain cherchera à retarder le plus possible ce moment, en tout cas après l'élection. Les spéculateurs seront alors bien moins attirés par les matières premières si l'argent n'est plus gratuit », rapporte Georges Pichon, consultant pour ABS Alloys and Metals.

LAURENCE BOISSEAU

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