L'inflation en Chine a accéléré fortement en février, à la faveur de facteurs saisonniers liés aux congés du Nouvel an lunaire, un sursaut notable après le plongeon de janvier mais qui ne devrait pas suffire à désamorcer les craintes de spirale déflationniste.
La hausse des prix à la consommation mesurée sur un an, principale jauge de l'inflation dans la deuxième économie mondiale, s'est établie à 1,4% le mois dernier, a indiqué mardi le Bureau national des statistiques (BNS).
Plus forte qu'attendu par les économistes interrogés par Bloomberg News (qui anticipaient en moyenne +1%), l'inflation a donc accéléré nettement après 0,8% en janvier --mois où elle avait dégringolé sous 1% pour la première fois depuis cinq ans, plombée par une demande morose.
Le chiffre de février reste cependant inférieur à l'indice de décembre (+1,5%), et très en deçà du niveau-cible --révisé en baisse-- que s'est récemment fixé le gouvernement pour l'ensemble de l'année (+3%).
Pour les experts du BNS, le net renchérissement des prix à la consommation le mois dernier s'explique avant tout par l'impact des longs congés du Nouvel an lunaire débutés le 18 février.
- Sursaut sous le signe de la Chèvre -
A cette occasion, des centaines de millions de Chinois sont rentrés dans leur région d'origine pour des réunions de famille de plusieurs jours, marquées d'abondantes ripailles.
Logiquement, "la demande de nourriture s'accroît pendant ces vacances, provoquant un rebond de grande ampleur des prix alimentaires", a souligné Yu Qiumei, analyste du BNS.
Et un décalage calendaire (le Nouvel an tombait fin janvier l'an dernier) a encore contribué à accentuer le mouvement.
Ainsi, les prix alimentaires --composante majeure de l'indice mesurant l'inflation-- ont bondi de 2,4% sur un an (contre une progression de seulement 1,1% en janvier), avec des hausses marquées des céréales (+2,9% sur un an), des oeufs (+11,4%), des légumes (+4,3%) et des fruits (+4,1%).
Par ailleurs, de nombreux travailleurs migrants en ayant profité pour quitter les villes, "certains pans du secteur des services se sont trouvés à court de main-d'oeuvre, autre facteur de hausse des prix", a poursuivi Yu Qiumei, citant en particulier les salons de coiffure.
"Mais le sursaut des prix alimentaires devrait s'avérer très momentané, et on s'attend à ce que l'inflation pique du nez à nouveau sous 1% dans les prochains mois", avertissait Julian Evans-Pritchard, analyste du cabinet Capital Economics.
De fait, la conjoncture reste sombre: le secteur manufacturier oscille toujours entre stagnation et contraction, miné par les surcapacités, face à une consommation intérieure maussade tandis que fléchissent les exportations.
La Chine a vu sa croissance économique ralentir fortement en 2014, à 7,4%, un niveau plus vu depuis près d'un quart de siècle, et a abaissé pour cette année son objectif à 7%.
- La banque centrale sous pression -
Témoin de l'assombrissement de la demande, l'indice mesurant l'évolution des prix à la vente des produits à leur sortie d'usine (PPI) s'est à nouveau replié en février, de 4,8% sur un an, accélérant sa baisse par rapport à janvier, a annoncé le BNS mardi.
Cet indice, obstinément négatif depuis trois ans, signe ainsi son plus fort recul depuis octobre 2009.
"Cela reflète la chute générale des cours des matières premières" même si "les prix finaux à la consommation des biens (manufacturés) résistent un peu mieux", a tempéré M. Evans-Pritchard.
Selon lui, cependant, les pressions déflationnistes devraient rester vives jusqu'au deuxième semestre 2015.
Or, l'effritement de la hausse des prix est susceptible d'inciter les consommateurs à reporter leurs achats (dans l'espoir que les prix baissent encore) et les entreprises à retarder voire annuler leurs investissements, faute de visibilité.
Ce qui en retour contribue à réduire encore la demande et à freiner toute reprise économique.
Pour tenter d'enrayer les risques déflationnistes et stimuler l'activité, la banque centrale (PBOC) a multiplié ces derniers mois les mesures d'assouplissement monétaire, baissant notamment à deux reprises ses taux d'intérêt.
Mais "les résultats de ces efforts ont été jusqu'à présent limités", les coûts de financement des entreprises restant trop onéreux, et "face à cette inflation désespérément basse, la PBOC devra se montrer encore plus accommodante", ont insisté Liu Li-Gang et Zhou Hao, de la banque ANZ.
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