mardi 3 mars 2015

La série noire continue pour les casinos de Macao, victimes de la campagne anticorruption de Pékin

Les revenus des casinos de Macao continuent de souffrir de la campagne anti-corruption menée par Pékin, plongeant en février de 49%, mais la lumière est peut-être au bout du tunnel avec de nouveaux hôtels susceptibles d'attirer le tourisme de masse.


Les revenus du jeu ont chuté en février de 49% sur un an, à 19,54 milliards de patacas (2,13 milliards d'euros), selon le Bureau de la coordination et des inspections du jeu, alors que Pékin encourage le territoire semi-autonome à diversifier son économie.

ll s'agit du neuvième mois consécutif de baisse pour les casinos de l'ancienne colonie portugaise. Le précédent record de chute datait du mois de décembre, qui avait enregistré une baisse de 30,4 sur un an%.

En 2014, les casinos, qui sont devant Las Vegas en termes de chiffre d'affaires, avaient enregistré une baisse de 2,6% sur un an, à 351,52 milliards de patacas, pour la première fois depuis l'établissement de la comptabilité annuelle du jeu en 2002.

L'analyste Jackson Wong, du groupe Simsen International Financial, a estimé que la morosité devrait encore être de mise quelques temps. "Avec la politique chinoise, nous ne nous attendons pas à une modification des facteurs de croissance", a-t-il déclaré à l'AFP.

Il a cependant souligné que les résultats étaient meilleurs qu'attendus, ce qui a poussé à la hausse les actions des opérateurs cotés à Hong Kong, estimant que les casinos avaient peut-être touché le fond. Les revenus du jeu pourraient désormais se stabiliser aux niveaux actuels ou "peut-être même s'améliorer", a-t-il déclaré à l'AFP.

Macao voit affluer chaque année des millions de touristes chinois dans ses immenses casinos. Six compagnies possèdent une licence pour opérer sur le territoire, le seul en Chine à autoriser les jeux d'argent.

-pénurie de chambres d'hôtel-

Mais le grand coup de balai donné par le président chinois Xi Jinping, arrivé au pouvoir en mars 2013, pour moraliser la nomenklatura et contenir la grogne sociale face à la corruption et au gaspillage de l'argent public pèse sur la fréquentation des établissements de jeu par les "VIP".

L?essoufflement de l'économie chinoise explique également le recul des casinos de Macao et le président chinois, en visite dans le territoire fin 2014, a jugé que celui-ci devait se tourner vers d'autres moteurs de croissance.

"La structure du secteur des jeux d'argent est en train de se transformer" avec les tentatives des opérateurs pour attirer le marché de masse, a jugé Jackson Wong.

Pour Aaron Fischer, spécialiste du jeu chez le courtier CLSA, les recettes devraient se "stabiliser au troisième trimestre", avec en particulier l'ouverture de la seconde phase du Galaxy Macau. "Les opérateurs tentent de faire face en attirant le marché de masse mais la seule façon de le faire c'est d'accroître l'offre hôtelière", a-t-il souligné, évoquant la "pénurie massive" actuelle de chambres.

Pour Ben Lee, spécialiste du jeu chez IGamix, les opérateurs doivent cependant baisser leurs tarifs pour élargir leur clientèle et faire de Macao une destination attractive. "Quand une nuit d'hôtel ou un tour de baccarat représente l'équivalent des dépenses moyennes du Chinois moyen pour un séjour entier, alors on comprend mieux pourquoi les parieurs se font plus rares".

L'ancienne possession portugaise revenue à la Chine en 1999 avait dépassé Las Vegas en 2002 pour devenir le numéro un mondial des jeux d'argent après son ouverture aux groupes étrangers en 2002.

Les casinos de Macao avaient touché le pactole en 2013, avec un chiffre d'affaires record de 360,75 milliards de patacas, en hausse de 18,6%.


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