lundi 13 avril 2015

Chine: chute surprise de 15% des exportations en mars

La Chine a vu ses exportations trébucher lourdement en mars, avec un recul inattendu de 15% sur un an, ont indiqué lundi les douanes, tandis que ses importations piquaient à nouveau du nez, symptômes inquiétants pour la deuxième économie mondiale.


Les exportations se sont affaissées à 886,83 milliards de yuans, soit 144,57 milliards de dollars, selon les statistiques officielles.

Ce repli confirme l'essoufflement d'un moteur de croissance traditionnel du géant asiatique, numéro un mondial des échanges de biens manufacturés.

Contrastant avec une envolée de presque 50% en février sur un an, il prend de court les analystes interrogés par l'agence Bloomberg, qui tablaient en moyenne sur une hausse de 8,2%.

Certes, pour les autorités, ce chiffre décevant reflète l'impact des longs congés du Nouvel an lunaire, intervenus fin février et durant lesquelles les entreprises cessent toute activité.

Les usines augmentent leur production juste avant ces vacances, mais ne redémarrent ensuite que graduellement, a expliqué Huang Songping, porte-parole de l'administration des douanes.

Mais même sans ce facteur, les exportations auraient baissé de 4,4% en mars, a-t-il admis, reconnaissant "une demande internationale terne" et un vif recul des commandes à l'exportation.

"Les avantages compétitifs traditionnels de la Chine s'émoussent", a-t-il aussi déploré, en allusion au renchérissement de la main-d'oeuvre locale alors que s'aiguise la concurrence en Asie du sud-est.

"Le plongeon traduit probablement un contre-coup du Nouvel an, mais le commerce extérieur affiche globalement de piètres performances", diagnostiquent les analystes de la banque ANZ.

Et de pointer des reculs de respectivement 8% et 19% des exportations vers les Etats-Unis et l'Union européenne (UE), les deux principaux partenaires commerciaux de la Chine.

- Pas d'éclaircie sur la demande chinoise -

Quant à la demande intérieure, le tableau demeure obstinément morose: les importations chinoises se sont à nouveau contractées le mois dernier, reculant de 12,7% à 141,49 milliards de dollars (-12,3% à 868,67 milliards de yuans).

C'est moins que les plongeons d'environ 20% sur un an enregistrés en janvier puis en février --les plus forts depuis cinq ans--, mais on est loin d'une embellie. La baisse était plus prononcée que celle anticipée par les analystes (-11,3%).

"Cela suggère une consommation intérieure toujours terne", même si l'effondrement des cours des matières premières sur l'année écoulée --pétrole et minerai de fer notamment-- "tire vers le bas la valeur des importations", souligne-t-on chez ANZ.

Vu l'accès de faiblesse des exportations, l'excédent commercial s'est quant à lui tassé de façon spectaculaire en mars, se réduisant de 60% sur un an, à 3,08 milliards de dollars. Très loin du sommet historique de 60,6 milliards de dollars en février.

Sur l'ensemble du premier trimestre, la Chine aura au final vu son excédent commercial multiplié par sept à 123,70 milliards de dollars.

Sur les trois premiers mois de l'année, les exportations chinoises ont progressé de 4,7%, tandis que les importations glissaient de 17,6%.

-'Sombre environnement'-

Malgré la faiblesse de l'euro, les importations chinoises en provenance de l'UE ont chuté de 10% sur le trimestre, tandis que celles venant des Etats-Unis se réduisaient de 12,9%.

"La Chine affrontera pour un certain temps un environnement général sombre et compliqué, et il faudra faire de gros efforts pour atteindre notre objectif annuel", a souligné M. Huang.

Le gouvernement avait pris acte mi-mars de la dégradation de la conjoncture: il ambitionne pour 2015 une progression d'"environ 6%" du commerce extérieur, contre 7,5% visés en 2014.

Or, les échanges commerciaux n'avaient crû que de 3,4% l'an dernier, ratant donc de très loin le niveau-cible officiel.

Alors que le pays pourrait enregistrer cette année sa plus faible croissance économique depuis un quart de siècle, Pékin vante néanmoins ses efforts de "rééquilibrage" au profit du secteur des services et d'une "montée en gamme" de l'industrie et des exportations à valeur ajoutée.

Pour autant, il ne devrait pas rester inactif: "Il faut s'attendre à de nouvelles mesures d'assouplissement de la part des autorités pour atténuer les vents contraires", avertissent les analystes de Nomura.

Pour eux, soucieuse de stabiliser l'activité, la banque centrale (PBOC) devrait ainsi encore abaisser à trois reprises ses taux d'intérêt d'ici fin 2015, après les avoir déjà réduit par deux fois depuis novembre.

Par Julien GIRAULT

Illustration(s) : Des machines-outils parquées sur le port chinois de Lianyungang, le 13 avril 2015, dans la province du Jiangsu

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