Vendredi à Washington, les sept grands pays industriels, réunis au sein du G7, ont demandé à la Chine de réévaluer sa monnaie, le yuan. Dès dimanche, Pékin a répondu par une fin de non-recevoir. De l’euro, le communiqué du G7 n’en parle pas.
Cette partie de ping-pong monétaire qui s’est joué, ce week-end, entre Washington et Pékin, c’est tout un symbole des rapports de forces actuels dans le monde. L’Amérique exige, depuis plusieurs années, que la Chine réévalue sa monnaie. Et pour cause. La Chine utilise effectivement un yuan scandaleusement sous-évalué pour inonder le monde de ses produits, pour attirer aussi chez elle les investisseurs. Conséquence : les Etats-Unis accusent à son égard un déficit commercial gigantesque. Depuis des années, Pékin refuse de céder au diktat américain. Elle a quand même fait un geste. Depuis juillet 2006, la banque centrale chinoise a laissé sa monnaie, le yuan, s’apprécier très progressivement. De 10% environ en dix huit mois. Pas assez pour la Maison Blanche. Alors Washington a réussi à faire de son combat celui des sept grands pays industriels. Pas sûr que ce sera plus efficace. Cela a en tout cas permis à Washington de faire taire toute critique, au sein du G7, à l’égard de la dégringolade en cours du dollar.
L’Europe est dans cette affaire le véritable dindon de la farce ! L’euro, sa monnaie, n’est même pas citée dans le communiqué final du G7. Alors, bien sûr, l’Europe aussi a intérêt à une réévaluation du yuan. Plus encore même que l’Amérique. Son déficit avec la Chine explose. Mais Pékin n’en a que faire. La preuve : si, depuis l’été 2006, le dollar a baissé par rapport au yuan, l’euro lui a continué à monter - de 5% ! Tout cela prouve que l’Amérique et la Chine, les deux vraies grandes puissances économiques du moment n’en ont vraiment rien à faire de l’Europe, d’une Europe affaiblie par ses divisions. A Washington, les pays de l’euro étaient venus avec, chacun, leurs idées sur la chose. Pour surmonter les déséquilibres actuels de l’économie mondiale, l’Europe aurait pourtant pu demander à l’Amérique d’épargner plus, à la Chine d’épargner moins. C’est là que se situent les vrais enjeux du moment. Au G7, ils n’ont pas été abordés. A la grande satisfaction de Washington et de Pékin qui vont pouvoir poursuivre, tranquillement, leur partie de ping-pong. L’euro va continuer, lui, à monter vis-à-vis du dollar et du yuan ; et l’Europe de souffrir !
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire