Pékin continue de redouter une surchauffe de son économie. La hausse des prix a atteint le mois dernier son rythme le plus élevé depuis onze ans. Le surplus commercial a, lui, bondi de 14,7 % en novembre. Fort de ces chiffres, Henry Paulson tentera aujourd'hui de démontrer à ses homologues chinois qu'une réévaluation du yuan permettrait de résoudre une partie de leurs soucis macroéconomiques.
Les dernières statistiques chinoises tombent à point nommé pour enrichir aujourd'hui l'argumentaire du secrétaire américain au Trésor. En visite à Pékin, Henry Paulson ne manquera pas en effet de plaider à nouveau en faveur d'une appréciation plus rapide du yuan. En ouvrant ce matin, près de la capitale, la seconde session bi-annuelle du « dialogue économique stratégique » instauré entre les Etats-Unis et la Chine, il va pouvoir pointer l'envolée de l'inflation et le gonflement record du surplus commercial chinois, révélés hier par le bureau national des statistiques, pour tenter de démontrer à ses homologues qu'une réévaluation forte de leur monnaie permettrait de résoudre une partie de leurs soucis macroéconomiques.
Mesuré en rythme annuel, les prix à la consommation ont augmenté de 6,9 % en Chine au mois de novembre, poussant ainsi l'inflation à son plus haut niveau depuis décembre 1996. Les prix du porc ont encore bondi de 56 % sur un an, poussant l'ensemble des prix des produits alimentaires, qui représente un tiers du panier des ménagères, à la hausse de 18,2 %. S'ils avaient largement anticipé cet envol, les économistes semblaient un peu plus inquiets, hier, à la lecture de la poussée des prix dans les autres secteurs. Après avoir longtemps été maintenus à 1 %, la hausse des prix des produits non alimentaires a progressé le mois dernier de 1,4 % sur un an. Celles des prix du gaz, de l'eau et de l'électricité auraient été particulièrement ressenties par les foyers chinois.
« Si elle a été déclenchée par les prix de la nourriture, l'inflation a évolué en un problème plus macroéconomique », commentait hier Yiping Huang, un économiste de Citigroup qui pointe l'inquiétude grandissante des dirigeants chinois sur les menaces de surchauffe.
Baisse de taxes douanières
La diffusion, hier, des dernières performances du commerce extérieur chinois n'ont pas dû rassurer Pékin. Le surplus commercial a encore bondi de 14,7 % au mois de novembre par rapport à la même période l'an dernier, pour atteindre 26,28 milliards de dollars. Sur onze mois, le surplus commercial chinois s'est envolé de 53 % par rapport aux onze premiers mois de 2006 et atteint désormais 238,1 milliard de dollars.
Affirmant lutter contre le gonflement de cet excédent, le gouvernement chinois a, ces derniers mois, multiplié les initiatives pour tenter de freiner ses exportations et encourager ses importations. Le pays a notamment accepté de baisser les taxes douanières portant sur le matériel électroménager, les équipements de cuisine ou la nourriture pour enfants.
Pékin rechigne toutefois à accélérer trop brutalement l'appréciation de sa monnaie, comme le lui demandent Washington et Bruxelles, pour résoudre ces problèmes de surchauffe. Hier, Zhou Xiaochuan, le gouverneur de la banque centrale chinoise, a d'ailleurs rappelé qu'une hausse du taux de change du yuan ne suffirait pas à elle seule à réduire l'excédent commercial chinois. Le surplus commercial avec les Etats-Unis a continué de se creuser depuis 2005, alors que, dans un même temps, le yuan s'est apprécié de plus de 10 % par rapport au billet vert. « Contrairement à ce que disent les critiques, la hausse du yuan n'a pas été petite », a pointé Zhou Xiaochuan.
YANN ROUSSEAU
© 2007 Les Echos. Tous droits réservés.