jeudi 10 janvier 2008

Casse-tête chinois - Erik Izraelewicz

Les Echos, no. 20085 - Perspectives 2008, jeudi, 10 janvier 2008, p. 9

Pour le monde de l'entreprise, 2008 s'annonce comme... une nouvelle année chinoise. Cette année, l'empire du Milieu va poursuivre, voire intensifier, son incroyable feu d'artifice et accumuler à nouveau, il n'y a guère de doute là-dessus, un flot impressionnant de médailles, l'or souvent, pour sa croissance, ses exportations et désormais aussi ses investissements dans les entreprises occidentales. Un autre produit d'importation inattendu va cependant inonder le monde occidental et s'imposer à ses entrepreneurs, c'est le casse-tête chinois.

Nos patrons, petits et grands, vont en effet se trouver confrontés, en 2008, à une équation d'une extraordinaire complexité. Côté achats, ils vont continuer à devoir payer cher, de plus en plus en cher, tout ce dont ils ont besoin pour faire tourner leurs machines. Le capital ? Avec la crise du crédit immobilier américain, partout, l'argent est devenu plus rare, plus coûteux aussi. Les banques se font moins prêteuses, les marchés plus prudents. Il y a peu de chances que le système financier dans son ensemble retrouve sa pleine sérénité avant la fin de l'année. Le travail ? Avec le recul du chômage et la montée des revendications autour du pouvoir d'achat, en Europe surtout, le maintien de la rigueur salariale, dans les entreprises, va être de plus en plus difficile à défendre. Avec la poursuite du vieillissement des populations et les besoins croissants en matière de santé notamment, les charges qui pèsent sur elles n'ont pas de raison de baisser. L'énergie et les matières premières ? Alimentée par la demande chinoise et, au-delà, par celle de l'ensemble des pays émergents, l'envolée des prix de ces biens indispensables à l'industrie comme aux activités de services n'a, elle non plus, aucune raison de s'arrêter.

Bref, côté dépenses, tout risque d'augmenter. Côté recettes en revanche, les entreprises vont subir, dans de nombreux secteurs, le ralentissement attendu de la demande mondiale. Compte tenu des nouvelles concurrences, elles ne pourront guère répercuter, dans leurs propres prix, la hausse assurée de la plupart de leurs coûts. L'équation, banale, de l'entrepreneur va donc prendre cette année la dimension d'un véritable casse-tête chinois. Elle se résout, généralement, par la chasse au « gaspi », des gains de productivité tous azimuts et l'innovation. Sur chacun de ces points, il faudra aux entrepreneurs du monde occidental plus d'imagination, plus de détermination aussi qu'à l'habitude. En 2008, il leur faudra être « rat », comme on dit familièrement - être radin. Il leur faudra surtout être rusé, plus malin que les autres en fait. 2008, ce sera, en Chine, l'année du Rat. Ce sera, chez nous, l'année du Renard !

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