Le stade olympique sera le principal site des jeux Olympiques, il est situé au sein du parc olympique. L'investissement pour ces JO, incluant la mise à niveau des infrastructures de la capitale chinoise, devrait flirter avec les 40 milliards de dollars, soit 27 milliards d'euros.
Voilà une date qui devra rester dans les livres d'histoire chinois. Au même titre que 2001, avec l'adhésion de Pékin à l'OMC, a consacré le renouveau commercial de l'Empire du Milieu, 2008 devra symboliser le retour éclatant de la Chine dans le concert des nations développées. Et quel symbole ! Dans un pays superstitieux où le chiffre huit est promesse de richesse, l'ouverture des Jeux se fera le 8 août 2008... à 8 h08 bien sûr !
La superstition n'a pas empêché les autorités de préparer l'échéance sans rien laisser au hasard. Des moyens sans précédent ont été mobilisés par le gouvernement, qui en disent long sur l'ambition de Pékin. L'investissement, incluant la mise à niveau des infrastructures de la capitale chinoise, devrait flirter avec les 40 milliards de dollars ! Une comparaison ? Les Jeux d'Athènes, en 2004, n'en avaient coûté que 8, soit environ 12 milliards actuels. Avant même le début des festivités, ces Jeux seront, de très loin, les plus chers de l'histoire.
200 millions d'arbres
En matière d'infrastructures, pas moins de quatre nouvelles lignes de métro ont été créées, ainsi que six artères routières qui traversent Pékin. Les plus grands architectes mondiaux ont été sollicités, à l'image du Britannique Norman Foster, chargé de concevoir le nouveau terminal de l'aéroport. Celui-ci sera tout simplement le plus grand du monde, avec 930.000 mètres carrés, soit la bagatelle de 140 terrains de football. Il a également fallu construire de toutes pièces une vingtaine de sites sportifs. Les plus emblématiques sont le National Stadium, surnommé le « Nid d'oiseau », capable d'accueillir 91.000 personnes, et le « cube », centre aquatique qui a coûté 125 millions de dollars. Dans la foulée, la ville a changé de dimensions, avec une surface habitable qui a augmenté de près d'1 million de mètres carrés par an.
Un autre chantier ambitieux a été entrepris par Pékin, mais avec un matériau moins facilement malléable que le béton armé : il a fallu préparer les Pékinois, les sensibiliser aux us et coutumes occidentales. Fini les bousculades systématiques au guichet : le onze de chaque mois, un « jour de la queue » a été instauré, pour que les habitants s'entraînent à attendre sagement leur tour. Des campagnes de lutte contre le crachat ont été lancées. Sans compter les rudiments d'anglais enseignés à tous les volontaires - ils devraient être autour de 100.000 - qui guideront les 2 millions de visiteurs attendus dans la capitale.
Enfin, pour présenter une ville propre au monde entier, le régime n'a pas hésité à planter 200 millions d'arbres, à éloigner ou fermer plus de 200 usines polluantes, et a testé une opération anti-voiture au mois d'août, réduisant d'un tiers le trafic automobile pendant quatre jours. Ces derniers jours, la police a annoncé une campagne pour faire disparaître les mendiants et trafiquants divers. Le tout afin de « mettre en place un environnement harmonieux et civilisé pour les jeux Olympiques », selon un responsable de police cité par l'agence Chine Nouvelle. Une équipe de météorologues a même été créée afin de lancer d'éventuelles fusées pour dissiper les nuages en cas de risque de pluie !
Mutation profonde
Sur le plan économique, les retombées sont difficiles à quantifier. Même colossal, le budget total de ces jeux reste relativement marginal au regard d'une économie dont le PIB (en dollars courants) a avoisiné les 3.250 milliards de dollars en 2007. Mais les effets induits ne sont pas négligeables, puisque les Jeux ont accéléré la mutation de Pékin. Quitte à doper le marché immobilier. Faut-il alors s'inquiéter de voir une bulle immobilière éclater après les festivités ? Rares sont les économistes qui le pensent. Bien sûr, certains investissements publics semblent disproportionnés et nombre d'installations pourraient être difficiles à rentabiliser, à l'image du « cube », dont les coûts d'entretien avoisineront 7 millions de dollars par an. Pour autant, « la mutation profonde que connaît actuellement la capitale chinoise semble structurelle », estime Hervé Liévore, stratégiste Chine chez AXA-IM, pour qui « la spéculation ne fait qu'accentuer le phénomène dans certains quartiers ».
Même s'ils seront les plus chers de l'histoire, quelle perturbation peuvent représenter ces Jeux sur la voie rapide du développement où roule aujourd'hui la Chine ?
GABRIEL GRÉSILLON
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