vendredi 4 janvier 2008

Peine capitale : la seringue remplace le revolver - Gaël De Santis

l'Humanité - Monde, vendredi, 4 janvier 2008, p. 12

La Chine souhaite généraliser l'usage de l'injection mortelle pour les peines capitales afin de remplacer l'exécution par balle, a indiqué hier un haut responsable. La Chine est l'un des 25 pays au monde à avoir appliqué la peine de mort en 2006, exécutant au moins 1.010 personnes.


Le vice-président de la Cour suprême de la République populaire de Chine, Jiang Xingchang, a annoncé la généralisation de l'usage de l'injection létale pour l'application des peines capitales. Cette méthode, introduite en 1997, devrait progressivement remplacer les exécutions par balle. « C'est considéré comme plus humain et cela devrait être utilisé dans tous les tribunaux intermédiaires », a déclaré hier Jiang Xingchang au China Daily. Actuellement, seule la moitié des 404 tribunaux intermédiaires, où se produisent la plupart des exécutions, a recours à cette méthode. « La Cour suprême va aider l'équipement des tribunaux intermédiaires, avec les installations requises et la formation de professionnels », a-t-il expliqué.

Depuis le 1er janvier 2007, c'est la Cour suprême qui a le dernier mot sur les condamnations à mort, afin d'éviter les erreurs judiciaires. En 2006, la Chine aurait exécuté 1 010 personnes, le chiffre réel serait de 7 000. Mais le débat semble s'ouvrir dans le pays : le président de la Cour suprême, Xiao Yang, a estimé que l'abolition et le moindre recours à la peine capitale étaient une tendance mondiale, et que la « Chine se dirige également vers cette direction ». Pour autant, il n'est pas question pour le moment de l'abolir. « Nous ne pouvons parler de manière abstraite d'abolir ou de contrôler l'usage de la peine de mort sans prendre en compte les réalités du terrain et les conditions de sécurité sociale », a-t-il prévenu.

Cette « humanisation » de la peine capitale par l'injection létale intervient alors que les exécutions ont été suspendues aux États-Unis après que la Cour suprême a annoncé le 25 septembre dernier se pencher sur la légalité de l'injection. Celle-ci serait trop douloureuse.

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PHOTO : Sixty4