vendredi 8 février 2008

Le groupe Euralis se lance dans la production de foie gras en Chine - Marie-Josée Cougard

Les Echos, no. 20105 - Industrie, jeudi, 7 février 2008, p. 22
Après le Canada, la Chine : le groupe coopératif Euralis, qui avait racheté deux producteurs de foie gras au Québec en 2005, vient de s'offrir un élevage d'oies à Yangquing dans la région de Pékin. Même si son concurrent Delpeyrat a investi avant lui dans ce pays, l'initiative demeure originale et témoigne d'un mouvement de mondialisation d'une production jusqu'à présent massivement française. Leader mondial du foie gras avec les marques Rougié-Bizac, Montfort et Pierre Champion pour la vente par correspondance, Euralis souhaite ainsi répondre à la demande des grands restaurateurs installés en Chine.

« Il est interdit d'importer des produits crus en Chine. Nous n'avions pas d'autre choix que de produire sur place », explique Christian Pees, PDG du groupe. Euralis a d'ores et déjà commencé l'élevage de canards pour diversifier son offre et projette de produire 25 tonnes de foie gras par an. La production chinoise actuelle est de 1.000 tonnes et progresse de 30 % par an. Regroupées dans son pôle gastronomie, les ventes de foie gras ont totalisé un chiffre d'affaires de 408 millions d'euros en 2007, soit 40 % du chiffre d'affaires global (1,026 milliard).

Le groupe du Sud-Ouest, qui confirme ainsi son virage de la production agricole vers l'industrie agroalimentaire, s'est fixé pour ambition d'accroître son chiffre d'affaires de 40 %, à 1,4 milliard d'euros, d'ici à 2012. En 2007, son chiffre d'affaires a augmenté de 23,7 %, lui permettant de dégager un résultat net de 8,1 millions d'euros en progression de 25 % par rapport à l'année précédente. Pour nourrir ses ambitions de croissance, Euralis entend profiter de « l'explosion du marché des produits traiteurs » et prendre le contrôle de Stalaven, le spécialiste breton des plats préparés, qu'il contrôle déjà à 50 %.

« Pragmatique » sur les OGM

Le groupe coopératif, qui a implanté Euralis Semences à Kiev (Ukraine) et à Rostov en Russie, souhaite doubler ses activités de semences (83 millions d'euros) d'ici à cinq ans, en investissant à l'étranger et en accélérant son développement dans les pays de la CEI. Tout en jouant la carte de la mondialisation, Euralis souhaite confirmer son ancrage dans le Sud-Ouest, où il produit 180.000 tonnes de bioéthanol.

Regrettant le caractère « confus » de la politique du gouvernement sur la question des organismes génétiquement modifiés, Christian Pees se veut d'abord « pragmatique » en la matière. « Nous produisons des semences classiques pour l'instant. Le jour où les agriculteurs nous demanderont des OGM, il ne nous faudra pas plus d'un an pour satisfaire leur demande », précise-t-il.

MARIE-JOSÉE COUGARD

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