Pour les cinq ans à venir, Nissan compte beaucoup moins sur les Etats-Unis, le Japon et l'Europe que par le passé. Les opportunités de croissance sont clairement ailleurs. Nissan va devoir mettre les bouchées doubles, ces prochaines années, pour profiter de la croissance des pays émergents, et pallier ainsi le tassement des immatriculations dans les pays matures.
L'équation qui se présente à Carlos Ghosn est simple : oui, il existe sur le globe de réelles opportunités de croissance... mais pas là où les grands constructeurs ont installé leurs usines. Et, en l'absence de crise économique de premier ordre, pas question de songer à fermer des lignes d'assemblage dans les pays développés, selon lui. Seule solution, en ouvrir d'autres ailleurs (Chine, Inde, Russie...), seul ou en partenariat.
Ces temps-ci, Carlos Ghosn n'a qu'une boussole : le taux d'équipement des pays en véhicules particuliers. Les Etats-Unis ont toutes les caractéristiques du pays mature, avec un taux de 800 voitures pour 1.000 habitants. Les pays d'Europe de l'Ouest (Allemagne, France, Grande-Bretagne) et le Japon suivent d'assez près, avec près de 600 voitures. Beaucoup plus loin, la Russie compte seulement 250 voitures pour 1.000 habitants, le Brésil 150 unités, tandis que la Chine et l'Inde ferment la marche avec moins de 50 voitures. « Même si vous imaginez que ces pays passent simplement à un ratio de 200 pour 1.000, étant donné la taille de la population, cela représente déjà une croissance considérable », explique le patron de Renault-Nissan. Pour lui, la croissance des pays émergents va venir plus que compenser les reculs enregistrés dans les pays développés.
Un puzzle bien complexe
« En fait, cette tendance a déjà commencé, ajoute-t-il : en 2007, les ventes de voitures totales dans le monde ont progressé de 6,1 %, alors que dans le même temps le marché européen était stable, les Etats-Unis et le Japon en baisse respectivement de 3,5 % et de 5,3 %. » D'où un grand nombre de projets menés simultanément à l'international. Et parfois quelques changements de programme, au gré des partenariats de circonstance. En Inde, Nissan construit une énorme usine (400.000 voitures de capacité) avec sa maison mère Renault, mais finalement sans Mahindra & Mahindra, qui s'est désisté après avoir calé sur le timing des investissements. Nissan a, par ailleurs, noué des accords avec quatre autres groupes locaux : Bajaj, pour la voiture à 2.500 dollars, Ashok Leyland, pour les petits utilitaires, Hover, pour la distribution et le marketing, et Maruti-Suzuki, pour exporter des petites voitures vers l'Europe. Un puzzle bien complexe.
En Russie, Nissan construit une usine à Saint-Pétersbourg, pour produire localement en 2009. Il n'est pas présent dans l'usine Renault de Moscou, qui assemble la Logan, mais examine les possibilités de travailler à Togliatti avec AvtoVAZ, qui vient d'ouvrir son capital à Renault. Au Maroc, le japonais aura une place, mais assez minime, dans la future usine de son allié français à Tanger. Et, au Brésil, Nissan prévoit de lancer une voiture bas de gamme (comme en Thaïlande et en Inde) pour sortir de l'anonymat d'ici à 2012.
DENIS FAINSILBER
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