jeudi 15 mai 2008

Le cours du zinc tiraillé entre surplus et craintes pour la production chinoise

Les Echos, no. 20171 - Salle des marchés, jeudi, 15 mai 2008, p. 36
Le zinc était jusqu'à mardi le métal de base le plus pénalisé du complexe des non-ferreux. Après avoir culminé à 2.830 dollars la tonne le 3 mars pour le contrat à 3 mois coté à Londres, il n'avait eu de cesse de se replier, inscrivant un nouveau plus-bas de l'année vendredi, à 2.154 dollars.


Le séisme en Chine a eu un effet dopant. Mardi, la tonne de zinc échangée sur le London Metal Exchange a bondi de 7,3 % en séance, avec un pic de 2.340 dollars, avant de terminer à 2.320 dollars (+ 6,5 %). Les analystes d'Antaike estiment que les capacités de production, affectées par le tremblement de terre, pourraient s'élever jusqu'à 500.000 tonnes. La Chine est le principal raffineur mondial de zinc avec une capacité de production dépassant les 4 millions de tonnes par an.

Depuis début 2008, le débit des raffineries chinoises n'a progressé que de 3,6 % par rapport à la même période de 2007, à 1,2 million de tonnes. En revanche, la production de concentré s'est envolée de 15 %, à 813.800 tonnes. Les observateurs tentent d'évaluer les dégâts dans le réseau électrique et les infrastructures des provinces touchées par la catastrophe afin d'affiner leurs prévisions.

L'impossibilité, à ce stade, de collecter des données précises et fiables a incité hier les opérateurs à se montrer plus circonspects vis-à-vis de ce métal. D'autant qu'ils ont pris connaissance des statistiques de production et de consommation au premier trimestre élaborées par le Groupe d'études international du plomb et du zinc. D'après l'organisme de recherche, l'usage de zinc entre janvier et mars a été inférieur de 72.000 tonnes à la production de métal raffiné. Et ce en dépit de la chute des exportations chinoises nettes d'une année sur l'autre.

Des raffineries sinistrées

L'an passé à la même époque, le surplus global de marché avait été de 59.000 tonnes. La demande s'essouffle. En témoigne l'accroissement des stocks officiels de sous-jacent conservés dans les entrepôts du LME, désormais de l'ordre de 125.000 tonnes. Des volumes supérieurs de plus de 40 % à ceux de fin 2007. Le contexte n'est donc pas propice à un rebond durable des cours, sauf si les raffineries chinoises restent longtemps sinistrées. Zinifex, l'un des principaux producteurs mondiaux de concentré de zinc, en passe de fusionner avec son compatriote australien Oxiana, prédit de nouvelles tensions au niveau des mines. « Retards, interruptions de production et rentabilité en baisse dans les mines aux coûts les plus élevés réduisent l'offre attendue alors que la demande reste à des niveaux raisonnables », assure la société. Pour l'heure, ceci n'est pas encore visible dans les chiffres. Le zinc londonien s'est replié sous les 2.300 dollars la tonne hier sur des prises de bénéfice.

M. P.

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