Il y a de l'eau dans le gaz entre le maire de Paris et son homologue de Pékin. La relation compliquée qu'entretiennent Bertrand Delanoë et Guo Jinlong depuis près de deux mois ne fait qu'envenimer les rapports franco-chinois, devenus très délicats en cette année olympique.
Tout a commencé avec le passage houleux de la flamme à Paris, le 7 avril. Les autorités chinoises n'ont pas compris que les manifestations ne soient pas, en quelque sorte, compensées par une initiative politique du gouvernement français ou du maire de Paris, comme a su le faire Gordon Brown à Londres. Les gestes de bonne volonté prodigués par les émissaires venus de Paris (Christian Poncelet, président du Sénat, et Jean-Pierre Raffarin, ex-Premier ministre) n'ont pas suffi à calmer les Chinois. Ceux-ci s'attendaient à voir Nicolas Sarkozy annoncer sa venue à la cérémonie d'ouverture des Jeux après l'annonce d'une reprise du dialogue entre Pékin et le dalaï-lama. Mais c'est surtout la décision de Bertrand Delanoë de sacrer le dalaï-lama « citoyen d'honneur » de Paris le jour même où les émissaires français étaient à Pékin qui a été perçue comme une provocation. Le maire de Pékin, furieux, a donc écrit à son homologue, lui laissant entendre qu'il aurait bientôt de ses nouvelles. Delanoë lui a répondu en lui expliquant pourquoi il pensait avoir eu raison de faire ce geste. Un ton que les Chinois ont jugé « arrogant ». Conséquence : des consignes ont été données de boycotter la France comme destination touristique. Rien d'officiel, bien sûr. Mais déjà on enregistre une grosse chute des voyages chinois en direction de Paris. Au sein du gouvernement chinois, tout le monde n'a cependant pas apprécié la riposte du maire de Pékin, la jugeant excessive. Mais il s'agit aussi d'une « piqûre de rappel » au cas où la réconciliation franco-chinoise tarderait à venir. 700 000 touristes chinois se sont rendus en France en 2007, dépensant en moyenne 1 000 à 1 500 euros par séjour en achats.
Caroline Puel (à Pékin)
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