lundi 2 juin 2008

La stèle de Xian - Nicolas Seneze

La Croix, no. 38067 - Religion et Spiritualité/Comprendre, samedi, 31 mai 2008, p. 12
En 1623, au cours de travaux près de la ville de Xian (centre de la Chine), des ouvriers mettent au jour une stèle de pierre de 2,36 mètres de haut. « Stèle de propagation de la religion radieuse du Da Qin de l'Empire romain dans l'empire du Milieu », annoncent les caractères classiques de l'époque Tang.

Aussitôt, les lettrés chinois cherchent de quelle religion il peut bien s'agir. Ce sont les jésuites du pays qui vont faire le rapprochement : la « religion radieuse » venue du Da Qin (l'Occident), c'est le christianisme.

Nestoriens en Chine

Érigée en 781, enterrée en 845 au moment de la proscription des religions étrangères, la stèle raconte en effet l'arrivée en 635 à Xian, alors capitale des Tang, du moine Alopen, de l'Église nestorienne (de rite assyrien). Et, pour la première fois en caractères chinois, elle décrit les fondements de la foi chrétienne.

Le Dieu « trois-un »

« Il y a un être vrai et ferme qui, étant incréé, est l'Origine des origines. Il est pour toujours incompréhensible et invisible, toujours mystérieux, existant jusqu'au dernier des derniers », raconte la stèle, qui évoque le Dieu trinitaire en reprenant le concept taoïste de sanyi (« Trois-Un »). Jésus y est présenté en « maître lumineux de l'univers, cachant sa vraie majesté », qui « se manifesta comme un homme ». Pour décrire l'incarnation, c'est un terme boud dhique qui est employé, signifiant « se diviser pour se manifester en différents lieux ». Jésus « promulgua la nouvelle doctrine sans parole, qui opère par l'action du Vent pur, une autre personne de la Trinité. Il forma en l'homme la capacité de bien faire, par la foi véritable. (...) Il apporta la Vie à la lumière et abolit la mort. »

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