En Asie orientale, le problème le plus épineux pour le prochain président des Etats-Unis reste celui de la Corée du Nord. Au cours de sa campagne, Barack Obama s'était déclaré prêt au dialogue avec Pyongyang. La présence dans son entourage de l'ancienne secrétaire d'Etat Madeleine Albright, qui s'était rendue en République populaire démocratique de Corée (RPDC) en septembre 2000 en vue de préparer une visite de Bill Clinton (celui-ci y renonça car le temps était trop court avant l'expiration de son mandat), devrait favoriser l'adoption d'une politique moins erratique que celle de l'administration sortante vis-à-vis de ce pays.
Tiraillée entre les néoconservateurs et les " réalistes " favorables à la négociation, Washington a alterné intransigeance et flexibilité. Le nouveau vice-président élu, Joseph Biden, qui a souvent critiqué la politique de confrontation avec la RPDC de M. Bush, est également un partisan du dialogue.
Bien que le régime n'ait pas fait de commentaire sur l'élection de Barack Obama, le retour d'un démocrate à la Maison Blanche est perçu plus favorablement à Pyongyang que ne l'aurait été l'arrivée du républicain McCain.
M. Obama hérite d'un dossier rendu sensible tant par les risques de prolifération que comporte une RPDC nucléaire que par les implications de la politique américaine pour les deux alliés des Etats-Unis dans la région : Corée du Sud et Japon. Le revirement de George Bush, passé, à la fin de son second mandat, de l'hostilité au compromis, a placé Séoul et Tokyo en porte-à-faux.
FERMETÉ NIPPONE
Le président sud-coréen, Lee Myung-bak, arrivé au pouvoir en janvier, a adopté une politique de fermeté à l'égard de Pyongyang qui s'est traduite par un regain de tension avec la RPDC. Elle est intervenue à contretemps : précisément au moment où Washington assouplissait son approche.
Quant au Japon, sa diplomatie envers Pyongyang est paralysée par la question non résolue du sort de la dizaine de ses ressortissants enlevés dans les années 1970-1980 par des agents nord-coréens. La suppression, en octobre, de la RPDC de la liste des pays soutenant le terrorisme par Washington a affaibli la position japonaise et a été ressentie à Tokyo comme un " lâchage ".
La suppression de la RPDC de cette " liste noire " a permis de dégager de l'impasse les pourparlers à six (Chine, Corées, Etats-Unis, Japon et Russie) en vue de la dénucléarisation de la RPDC. En contrepartie a été signé par les Etats-Unis et la RPDC un protocole de vérification du démantèlement des installations nucléaires qui doit être entériné par les Six.
Philippe Pons
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