Françoise Grenot-Wang, 58 ans, une sinologue française installée en pays Miao depuis dix ans, et connue à travers les collines de rizières du nord du Guangxi (sud de la Chine) sous son surnom amical de « Fang-Fang », a péri dans l'incendie de sa maison en Chine, mardi 9 décembre au soir.
Elle avait consacré son énergie à la protection de la culture du peuple Miao et à l'éducation des filles de ce peuple. Par le biais de son association Couleurs de Chine, lancée en 1998, des milliers d'enfants Miao, des filles pour la plupart, ont pu être scolarisés. Françoise Grenot-Wang était fascinée par cette culture ancestrale qui a survécu aux persécutions et avait su se perpétuer sans écriture.
Par le biais de « Pays Miao », une structure séparée de l'association de parrainage, elle accueillait dans sa maison des visiteurs qu'elle initiait à cette culture, au gré de longues excursions sur les sentiers escarpés de forêts de pins ou à travers les rizières. Car nombre de ces villages ne sont encore accessibles qu'à pied.
Diplômée d'une maîtrise de chinois de l'Ecole des langues orientales, disant avoir été proche, dans sa jeunesse, du militantisme d'extrême gauche, elle avait d'abord eu de la Chine une image idéalisée. Elle a ensuite arpenté le pays en long et en large, comme guide interprète. C'est d'ailleurs comme interprète pour une équipe de Médecins sans frontières qu'elle est arrivée dans le Guangxi.
Malgré un caractère bien trempé et un franc-parler qui ne s'embarrassait pas de diplomatie, Françoise Grenot-Wang était devenue extrêmement populaire et très respectée pour son engagement en faveur des Miao, même auprès des autorités locales chinoises, avec qui elle avait pourtant eu maille à partir. « Les Miao sont deux fois plus nombreux que les Tibétains, mais il leur manque un dalaï-lama pour que l'on s'intéresse à eux », affirmait-elle volontiers.
Quand l'occasion se présentait, elle n'hésitait pas non plus à s'en prendre à certaines associations qui jouissent, selon elle, d'une couverture médiatique « démesurée » pour quelques dizaines d'enfants. Couleurs de Chine, en revanche, qui porte actuellement la charge de la scolarité de 5 500 enfants, n'est somme toute pas très connue.
Elle a publié Chine du Sud : la mosaïque des minorités (éditions Les Indes savantes, 2005) et Au coeur de la Chine, une Française en pays Miao (Albin Michel, 2007) et travaillait à un projet de film. Elle avait été nommée citoyenne d'honneur de Luzhou, deuxième ville de la province du Guangxi, et a été promue chevalier de l'ordre national du Mérite.
Depuis la nouvelle de son décès, des centaines de villageois affluent des montagnes vers les cendres de sa maison pour lui rendre hommage.
Note(s) :
17 décembre 1949 Naissance à Paris
1998 Monte l'association Couleurs de Chine
9 décembre 2008 Mort à Danian, région autonome Zhuang du Guangxi (Chine)
Florence de Changy
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