jeudi 11 décembre 2008

La Chine précipite son plan de relance en accordant la priorité aux chemins de fer

Le Figaro, no. 20020 - Le Figaro Économie, jeudi, 11 décembre 2008, p. 18

LE SALUT par le rail. C'est en substance l'esprit du plan de relance de 4 000 milliards de yuans (460 milliards d'euros), annoncé par la Chine le mois dernier, avec une priorité accordée aux infrastructures, notamment ferroviaires, et à l'industrie lourde.

Impressionnant par son volume, le plan de relance chinois, qui représente 15 % du produit intérieur brut du pays, n'en a pas moins suscité certaines critiques. Il est accusé par certains économistes de ne répondre, à court terme, ni au problème du chômage, ni à la consommation intérieure structurellement faible.

Ces trois derniers jours, les plus hautes autorités chinoises ont pu corriger le tir lors d'une grande réunion économique à huis clos destinée à tracer la voie pour 2009 et qui s'est terminée hier. Peu de détails ont filtré de cette rencontre. Il aurait cependant été décidé de maintenir « un développement rapide », en renforçant le contrôle macroéconomique et par une « politique budgétaire dynamique ». Le ministre des Finances avait ainsi mis sur la table de la réunion une proposition de laisser le déficit budgétaire, jusqu'ici très faible, croître de 56 % en 2009. Il semble avoir été entendu.

Prime aux entreprises d'État

Dans le détail, la relance chinoise apparaît pour l'essentiel comme un renforcement et une accélération dans le temps d'un plan déjà prévu et courant initialement jusqu'en 2020. « L'accent mis sur les infrastructures et l'industrie lourde risque de remettre le curseur vers ce secteur déjà hypertrophié, explique un observateur, et les industries de service font figure de parents pauvres. » Même si les officiels expliquent que les seuls projets ferroviaires vont créer 6 millions d'emplois, on sait que les bénéficiaires seront davantage les grandes entreprises d'État que les PME, aujourd'hui victimes de la baisse des exportations.

8 à 9 % de taux de croissance

L'autre point faible est le volet social très maigre, hormis le logement, alors que doper la consommation intérieure est devenu la priorité numéro 1. Quand 1 800 milliards de yuans vont être consacrés aux infrastructures, seulement 40 milliards seront affectés à la santé. Or, les dépenses liées à l'éducation ou à la santé sont les principaux responsables du gigantesque taux d'épargne en Chine. Il y a une logique à ces choix : les dépenses d'infrastructures dépendent du gouvernement central alors que les dépenses sociales relèvent à 90 % des autorités provinciales.

À l'évidence, le plan aura son efficacité pour maintenir un certain niveau de croissance, autour de 8 %, voire 9 % comme l'espèrent les dirigeants chinois, en apportant peut-être 2 points de progression. Mais Pékin est conscient qu'il faut aller plus loin et plus vite. D'autres mesures devraient ainsi se concrétiser comme la création de banques spéciales pour ces PME, afin de leur faciliter l'accès au crédit. Il faut s'attendre aussi à des baisses de taxes en rafales, ainsi que des taux d'intérêt et du taux de réserve obligatoire des banques.

Les chiffres dévoilés, hier, se révèlent encore moins bons que prévu. De manière inattendue, les exportations chinoises ont baissé en novembre et pour la première fois en sept ans, de 2,2 %. Et si l'excédent commercial chinois a atteint un nouveau record mensuel, c'est que les importations ont chuté encore plus rapidement de 17,9 %. On a appris aussi une nouvelle baisse des investissements directs étrangers, qui ont chuté de 36,52 % en glissement annuel.

De La Grange, Arnaud

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