LES GÉANTS émergents regroupés sous l'acronyme " BRIC " (Brésil, Russie, Inde et Chine) sont plus ou moins touchés par la contagion de la crise. C'est l'un des sujets qui devait être abordé lundi 19 janvier lors du colloque sur les risques pays organisé par Coface au Carrousel du Louvre à Paris, et figure au menu du Guide Coface Risque Pays 2009 (Ed. L'Expansion), qui vient de paraître.
En janvier, le spécialiste des risques commerciaux a placé la Russie (actuellement notée B) et la Chine (A3) sous surveillance négative, mais pas l'Inde (A3) ni le Brésil (A4). Les notes de risque pays se situent sur une échelle de sept niveaux, de A1 (la meilleure) à D (la moins bonne). Elles mesurent la capacité moyenne des entreprises à honorer leurs paiements " à bonne date ", en tenant compte des perspectives économiques, politiques et financières du pays, de l'environnement des affaires et de l'historique des incidents de paiement.
Dans l'empire du Milieu, Coface attend un net ralentissement (7 % de croissance du produit intérieur brut en 2009) - pas un effondrement. Mais ce freinage pourrait suffire à produire un fort choc microéconomique. L'activité a été tirée ces dernières années par une progression très forte de l'investissement, aboutissant à la création de surcapacités. Celles-ci, pesant sur les marges des entreprises, restaient supportables avec une croissance à deux chiffres, mais ne le seraient plus autant avec une hausse limitée à 7 %. L'environnement des affaires (noté B) pénalise également la Chine. Selon Coface, les problèmes de management dans les entreprises et les litiges commerciaux sont davantage la cause d'impayés en Chine qu'en Inde.
Les branches les plus touchées par le ralentissement en Chine sont le textile et la confection, les industries légères telles que les jouets, ainsi que l'automobile, la construction et les secteurs dont elle dépend. En revanche, la pharmacie, les produits agricoles, l'environnement, l'énergie et les infrastructures résistent. La hausse des faillites et des incidents de paiement a commencé avant le ralentissement économique, sous l'effet de la réévaluation du yuan, qui pénalise les exportations d'industries comme le jouet, sensibles à la compétitivité par les prix, mais aussi affaiblies par les scandales concernant la qualité de leurs produits. D'autre part, les notes de Hongkong et Taïwan, importants partenaires commerciaux et financiers de la Chine continentale, ont été dégradées de A1 à A2 en janvier 2009, celle de Singapour (A1) étant mise sous surveillance négative.
En Russie, les entreprises sont massivement endettées en devises. L'économie, très dépendante du pétrole, dont les revenus avaient permis une hausse des salaires et de la consommation, est très affectée par la chute des prix. De plus, le pays est noté B depuis 2001 : même quand la situation économique était florissante, des problèmes de gouvernance, de droit des créanciers, de manque de lisibilité des comptes, d'instabilité des droits des actionnaires, ont empêché sa réévaluation par Coface. L'environnement des affaires russes est aussi noté B.
Celui de l'Inde (A4) et du Brésil (A4) est au contraire jugé meilleur. De plus, le régime de croissance de ces pays est plus raisonnable. Si la crise les touche aussi, l'Inde est quelque peu préservée par une ouverture économique limitée. Au Brésil, la dette privée n'a pas augmenté autant qu'en Russie, et l'industrie reste assez équilibrée entre matières premières et produits manufacturés.
A. de T.
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