jeudi 15 janvier 2009

La Chine devance désormais l'Allemagne comme troisième puissance économique mondiale

Les Echos, no. 20342 - International, jeudi, 15 janvier 2009, p. 6

Pékin a révisé hier à la hausse le chiffre de sa croissance 2007. Suivant ces nouveaux calculs, le PIB chinois est désormais bien supérieur à celui de l'Allemagne. La performance console à peine les autorités, qui redoutent un brutal ralentissement de l'activité en 2009.

Inquiètes du brutal ralentissement de leur économie, les autorités chinoises ont pu se consoler brièvement hier en apprenant que leur pays s'était imposé dès 2007 comme la troisième puissance économique mondiale, derrière les Etats-Unis et le Japon, mais juste devant l'Allemagne.

Selon la dernière révision des statistiques macroéconomiques du pays, dévoilée hier dans la matinée, la Chine a vu son produit intérieur brut (PIB) croître de 13 % sur 2007, et non de 11,9 % comme cela avait été annoncé précédemment, pour atteindre la somme de 25.731 milliards de yuans, ou 3.500 milliards de dollars (au taux de change de 2007). Sur la même période, l'Allemagne avait généré un PIB de 3.320 milliards de dollars.« Maintenant, l'économie chinoise pourrait même être 15 % supérieure à celle de l'Allemagne », a confirmé hier Louis Kuijs, l'économiste en chef de la Banque mondiale à Pékin.

Après avoir révisé ses calculs, Ting Lu, un analyste de Merrill Lynch, estimait hier que la taille de l'économie chinoise pourrait dépasser celle du Japon « dans seulement trois ou quatre ans ». En 2007, le PIB nippon était mesuré à 4.400 milliards de dollars, quand celui des Etats-Unis s'imposait, lui, avec 13.800 milliards de dollars.

Si cette révision du PIB va certainement flatter le patriotisme chinois, elle n'a fait l'objet d'aucun commentaire victorieux de la part des autorités, qui ont perçu l'ambiguïté de la performance. « Le principal effet de ce changement d'estimation pourrait être négatif. Une année 2007 plus forte va rendre le ralentissement de 2008 plus contrariant encore », note Sherman Chan, une experte de Moody'sEconomy.com. La surchauffe confirmée de 2007 aurait notamment entraîné une hausse des stocks dans les entreprises qui auraient, dès lors, décidé de calmer leur production industrielle en fin d'année dernière. Un mouvement qui expliquerait, en partie, la perte de dynamisme de l'activité de ces derniers mois.

Le niveau de vie très faible

Au troisième trimestre de 2008, le PIB chinois avait connu sa plus mauvaise performance des cinq dernières années (9 %) et pourrait avoir enregistré un ralentissement plus sévère encore au quatrième trimestre. Anticipant la publication des statistiques officielles la semaine prochaine, les experts évoquent une croissance limitée à 7 % en glissement annuel sur la période octobre-décembre. Sur l'ensemble de l'année, le PIB n'aurait dès lors augmenté que de 9 %. « Pour 2009, un nouveau ralentissement est anticipé du fait de l'état morose de l'économie globale », assure Sherman Chan. Les économistes les plus pessimistes parient sur une croissance chinoise bloquée à 6 % ou 7 % l'an prochain.

Les autorités communistes, qui n'ont pas connu de si sévère ralentissement depuis les années 1990, multiplient les mesures de relance et promettent de concentrer leur soutien sur les populations les moins aisées, qui vivent à l'écart de la formidable progression du PIB national. Le niveau de vie moyen en Chine est en effet demeuré très faible, à peine meilleur que celui des habitants du Maroc ou du Tonga. Des dizaines de millions de ruraux continuent de vivre avec moins de 1 dollar par jour. Selon les calculs de la Banque mondiale (basés sur la méthode de l'Atlas), les revenus moyens d'un Chinois étaient mesurés à 2.360 dollars en 2007 quand un Français pouvait, lui, prétendre, en moyenne, à des revenus de 38.500 dollars.

YANN ROUSSEAU

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