CHINE L'ancien premier ministre accompagne une délégation de décideurs français. L'occasion d'aplanir le différend franco-chinois avant le prochain G 20 en avril.
DE LA différence subtile entre un « émissaire » et un « messager »... À Pékin pour une visite prévue de longue date avec une délégation de décideurs français, Jean-Pierre Raffarin n'est pas envoyé par Nicolas Sarkozy pour replâtrer les relations franco-chinoises. Mais il peut, à l'occasion, faire passer quelques messages, d'autant qu'il doit être reçu aujourd'hui par le premier ministre chinois, Wen Jiabao. Et qu'il a confié avoir opportunément pu discuter avec Nicolas Sarkozy avant de s'envoler pour la Chine, le chef de l'État l'ayant invité samedi à bord de son avion pour Munich.
De ce message officieux, l'ancien premier ministre français ne veut pas dire grand-chose. Mais on aura compris qu'il ne s'agira pas d'excuses, pas d'un scénario « à l'allemande ». Après le coup de froid provoqué par la rencontre entre Angela Merkel et le dalaï-lama, le ministre allemand des Affaires étrangères aurait envoyé à Pékin une lettre au contenu resté « secret ». Jean-Pierre Raffarin a « l'impression personnelle » que Nicolas Sarkozy n'est pas disposé à ce genre d'excuses, n'ayant pas le sentiment d'avoir fait une faute.
Pas d'excuses françaises, donc, mais de l'huile dans les rouages. L'idée de l'Élysée est de faire « tout ce qui est possible pour qu'il y ait un apaisement des relations avant le 2 avril, date à laquelle Nicolas Sarkozy rencontrera le président Hu Jintao à Londres à l'occasion du G20 ». Les deux prochains mois devraient être propices à « l'élaboration de positions communes en multilatéral pour le sommet et par là même d'amélioration des relations bilatérales ». Paris essaie donc d'avancer en préservant la « face » des deux parties. En étant à la manoeuvre puisque la Chine ne cesse de renvoyer la balle dans le camp français, comme encore Wen Jiabao lors de sa récente tournée européenne. Sans trop en faire non plus. C'est ainsi qu'une « journée chinoise » avait un temps été envisagée le 27 janvier à l'Élysée, à l'occasion du Nouvel An chinois et du 45e anniversaire de la reconnaissance de la République populaire par le général de Gaulle. Le raout n'a pas eu lieu.
« Vraie relation politique »
Les relations bilatérales entre Paris et Pékin sont toujours réduites au minimum depuis l'annulation du sommet Europe-Chine de Lyon début décembre, avant la poignée de main entre Nicolas Sarkozy et le dalaï-lama à Gdansk. Mais les « diplomates » français comme Jean-Pierre Raffarin assurent sentir une évolution côté chinois, avec une « volonté de sortir de la brouille ». Au passage, ce « grand ami de la Chine » livre son sentiment : si la France focalise autant l'ire chinoise, c'est qu'elle a une « vraie relation politique forte avec la Chine », à la différence de l'Allemagne par exemple qui cultive essentiellement des liens commerciaux.
Pour Jean-Pierre Raffarin, la Chine a avant tout besoin d'un « partenaire politique prévisible ». Une manière de sous-entendre que la politique française vis-à-vis de la Chine aurait marqué quelques malheureuses valses-hésitations ces derniers mois ?
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