jeudi 19 février 2009

Le G7 condamne le protectionnisme et applaudit la Chine - Alain Faujas

Le Monde - Economie, mardi, 17 février 2009, p. 14

Les ministres des finances des pays les plus industrialisés renvoient au G20 la réforme de la gouvernance économique mondiale

Réuni à Rome, les 13 et 14 février, le G7, qui regroupe les ministres des finances et les banquiers centraux des sept pays les plus développés (Etats-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie et Canada), a félicité la Chine pour son plan de relance de 455 milliards d'euros et pour « son engagement à se diriger vers un taux de change plus flexible, ce qui devrait conduire à la poursuite de l'appréciation du yuan ».

Oubliée la philippique du nouveau secrétaire au Trésor américain Timothy Geithner qui avait déclaré, fin janvier, que Barack Obama jugeait que les Chinois manipulaient leur devise ! Les Américains ont trop besoin que Pékin continue à acheter leurs bons du Trésor pour persévérer dans une attaque destinée à satisfaire les tendances protectionnistes de leurs parlementaires.

Le ministère du commerce chinois n'a pas raté l'occasion de dénoncer, lundi 16 février, le protectionnisme « de certains pays » qui mettent en place des clauses rendant prioritaire l'achat de produits nationaux dans le cadre de leurs plans de relance. Sont visés les Etats-Unis qui ont voté un « Buy american act » dans ce sens.

Comme si de rien n'était, comme si la France n'était pas concernée avec son plan de soutien à son industrie automobile, le G7 s'est contenté de déclarer à ce sujet qu'il « reste attaché à éviter des mesures protectionnistes qui ne feraient qu'exacerber le ralentissement, à ne pas ériger de nouvelles barrières et à travailler à une conclusion rapide et ambitieuse du cycle de Doha ».

Le G7 n'a pas été beaucoup plus imaginatif pour traiter les « faiblesses fondamentales » du système financier international et inventer les réformes « urgentes » et « nécessaires » que la crise appelle. Giulio Tremonti, le ministre italien de l'économie, a juste précisé que le G7 était d'accord pour créer « de nouvelles règles », afin de fonder « un nouvel ordre économique mondial », un « étalon légal » qui concernera aussi les paradis fiscaux et les fonds spéculatifs.

Qui sera chargé de mettre en oeuvre ce nouveau « code de la route » de l'économie et de la finance mondiales ? Cela n'a pas été tranché, a répondu M. Tremonti. Ce sera « le Fonds monétaire international » (FMI), a déclaré Mario Draghi, président du Fonds de stabilité financière (FSF) et gouverneur de la Banque d'Italie, qui a parlé de rendre obligatoire pour tous les membres du FMI une visite de contrôle de leur secteur financier.

DÉCLARATIONS DE PRINCIPE

Là encore, le G7 renvoie ce dossier délicat au G20, qui regroupe les membres du G7 et la plupart des pays émergents dont la Russie, la Chine, l'Inde et le Brésil, et qui se réunira à Londres, le 2 avril. L'incapacité du G7 à sortir des déclarations de principe laisse à penser que cette instance est en train de perdre la main. Gordon Brown et Nicolas Sarkozy ont plaidé à plusieurs reprises pour une meilleure représentation des économies émergentes au sein de cet embryon de gouvernance mondiale. Le G20 qui regroupe les dirigeants de pays pesant 85 % de la richesse de la planète et les deux tiers de sa population semble seul capable d'assurer la relève.

PHOTO - Jean-Claude Trichet / REUTERS

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