mardi 3 février 2009

Le sport en Chine après les JO - Philippe Bertrand

Les Echos, no. 20355 - Dernière, mardi, 3 février 2009, p. 18

Les institutions sportives souhaitent toujours que les grands événements qu'elles organisent laissent un « héritage » aux pays hôtes. De ce point de vue, les Jeux Olympiques de Pékin semblent avoir été un succès. La compétition a « dopé » l'envie des Chinois de s'adonner aux joies de l'exercice physique. Les clubs de fitness fleurissent dans les grandes villes. On en compte désormais entre 200 et 300 à Pékin. « Pour nous, la Chine sera le gros marché du futur », affirme Kelvin Goh, vice-président de la chaîne américaine California Fitness. Selon le ministère des Sports, le nombre de personnes faisant du sport ne cesse d'augmenter dans le pays et serait déjà de 340 millions, soit 28 % de la population.

Certes, le besoin d'entretenir sa forme émane surtout des nouveaux riches et des classes moyennes qui peuvent dépenser entre 10 % et 20 % de leurs revenus pour suer sang et eau. Si la santé constitue leur première motivation, la notion de détente et l'envie de rencontrer d'autres gens entrent aussi en ligne de compte. Le signe d'une occidentalisation des modes de vie. En effet, les 100 médailles - dont 51 d'or - glanées par les athlètes de la République populaire en août dernier ne reflétaient pas un ancrage profond du sport dans la culture chinoise. Jusqu'à présent, wushu - une variante du kung-fu -, tai-chi, ping-pong et exercices respiratoires, souvent pratiqués dans les jardins publics, supplantaient les équivalents de nos Club Med Gym. Indice de l'impact des JO sur les comportements : le fait que le gouvernement ait décidé de faire du 8 août - jour anniversaire de l'ouverture des Jeux - la Journée nationale de la condition physique.

Pour les experts, le pays doit encore franchir un pas pour rivaliser avec le modèle occidental : le développement de la compétition. En prévision du grand rendez-vous de 2008, les athlètes de haut niveau ont été fortement encadrés par l'Etat. Par ailleurs, l'audience du basket, du football ou de la Formule 1 à la télévision augmente régulièrement. Mais les petits matchs amateurs qui animent nos dimanches dans la plupart des disciplines et les associations sportives qui les organisent restent encore rares dans l'empire du Milieu.

PHILIPPE BERTRAND

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