La tentative du gouvernement chinois de censurer l'information sur un violent incendie, lundi, à Pékin, révèle une profonde gêne
La télévision centrale chinoise, bras audiovisuel de la propagande du régime communiste, est l'objet de plaisanteries et de critiques des internautes, après l'incendie spectaculaire qui s'est produit lundi à Pékin tout près de son futur siège. La blague la plus populaire, qui circule sur Internet malgré la censure, est que CCTV a réussi à créer l'un des événements de l'année mais a eu du mal à en parler. (VOIR L'ARTICLE DE BRICE PEDROLETTI)
Les médias officiels ont en effet tenté de limiter la diffusion de la nouvelle, l'incendie ayant été vraisemblablement provoqué par un feu d'artifices organisé illégalement par CCTV au dernier jour des festivités du Nouvel An chinois. Mais des milliers de témoins ont inondé Internet de leurs photos. « Même quand l'incendie est juste sous leurs yeux, ils essaient encore de cacher la vérité. (...) Les médias officiels ont été battus par les médias citoyens », affirme le blogueur Wang Xiaofeng.
L'incendie a détruit en grande partie un immeuble de 29 étages qui devait notamment héberger un hôtel de luxe. Un pompier est mort en combattant les flammes. C'est dans le même complexe que s'élève la future tour CCTV, haute de 234 mètres et conçue par l'architecte néerlandais Rem Koolhaas.
Les polémiques autour de cet édifice d'un budget de 500 millions d'euros n'ont pas tardé à fuser. Sur la cause du sinistre tout d'abord. La version officielle d'un feu d'artifices ayant mal tourné laisse sceptiques de nombreux observateurs. « Ce bâtiment a été construit selon les normes de sécurité les plus poussées et il était quasiment achevé, explique un architecte installé à Pékin et qui préfère rester anonyme. Même si le système anti-incendie n'était sans doute pas enclenché, il n'est pas possible que le feu ait pu prendre seul aussi fortement et se répandre aussi rapidement. Soit l'acte était criminel, soit les systèmes de gaz et d'électricité se sont révélés défaillants. »
La seconde polémique est venue de la tentative de cacher l'information. Pendant toute la soirée de lundi, pas la moindre annonce sur l'incendie n'a été faite sur les écrans de télévision nationaux. Seule la radio en a fait état, très tardivement. Pendant ce temps, les forums et blogs Internet transmettaient des informations dès les premières flammes apparues.
Mais mardi matin, la censure (ou l'autocensure) avait réalisé un formidable nettoyage : plus aucune photographie n'était accessible via les portails de recherche Google Chine et Yahoo! Chine. Tous les forums avaient été nettoyés. Le département de la propagande avait enjoint aux sites Internet de ne reprendre que des informations et des photographies émanant de l'agence officielle Chine nouvelle. Malgré tout, les internautes ont réussi à contourner l'obstacle.
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