lundi 2 mars 2009

Avec leur station spatiale, les Chinois narguent les Occidentaux

Les Echos, no. 20374 - Entreprises et marchés, lundi, 2 mars 2009, p. 19

La presse officielle chinoise a annoncé hier matin l'intention de Pékin de se doter d'une station spatiale. Un premier module de 8,5 tonnes, baptisé « Tiangong-1 », sera lancé en orbite dès 2010. Les Chinois prévoient de desservir cet embryon de station quelques mois après, lors d'un arrimage avec la capsule Shenzhou-8. L'assemblage ultérieur de plusieurs modules de ce type constituerait à terme un habitat semi-permanent pour les « taïkonautes » chinois et leurs expériences scientifiques.

Cette annonce démontre une nouvelle fois la volonté de la Chine d'appartenir au club très fermé des grandes nations spatiales. Elle est devenue en 2003 le troisième pays à envoyer en toute autonomie un homme dans l'espace, après l'Union soviétique et les Etats-Unis. Début 2007, Pékin réussissait l'exploit de détruire l'un de ses satellites par un tir de missile - une preuve de sa capacité à intervenir militairement en orbite basse qui relança les budgets « guerre des étoiles » aux Etats-Unis. En septembre avait lieu la première sortie extra-véhiculaire d'un Chinois dans l'espace. Fin 2008, le désir de Pékin de rayonner au-delà des orbites terrestres se concrétisait par l'annonce d'un projet commun avec les Russes : deux sondes partiront cette année vers Mars. Ce nouveau programme de station spatiale est un pied de nez aux Occidentaux sur fond de crise mondiale. Les budgets colossaux de ces aventures patriotiques passent mal en démocratie. Les plans de relance y ont d'ailleurs largement ignoré ce secteur industriel de pointe.

Barack Obama s'apprête à réviser significativement le plan d'exploration de son prédécesseur. L'agence européenne peine à boucler le budget de son projet martien, pourtant d'un « ridicule » milliard d'euros. Quant à la station spatiale internationale ISS, personne ne se précipite pour reprendre le flambeau de son exploitation au-delà du retrait programmé des Américains, vers 2017, quelques années seulement après la fin de sa construction, qui aura coûté plus de 100 milliards de dollars.

MATTHIEU QUIRET

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