Les majors du disque vont offrir gratuitement, via Google, la quasi-intégralité de leurs catalogues aux internautes chinois. Elles espèrent toucher une partie des revenus publicitaires générés par ce service.
Les pirates chinois ont gagné. Google et son partenaire www.top100.cn viennent de lancer, en Chine, et pour la première fois dans le monde, un service de téléchargement de musique entièrement gratuit destiné aux internautes locaux. Admettant après plusieurs années de procès et de négociations avec le gouvernement chinois qu'elles ne parviendraient jamais à faire payer leur musique dans un pays où le piratage et la contrefaçon sont considérés comme légitimes, les grandes majors du disque se sont finalement résolues à offrir, par le biais du portail chinois du moteur de recherche américain, l'essentiel de leur catalogue.
Hier, les 300 millions d'internautes du pays ont ainsi pu télécharger en toute légalité quelques-uns des 350.000 titres d'artistes chinois et étrangers, en contrat avec plus de 140 maisons de production chinoises et étrangères, parmi lesquelles Sony Music, Warner, EMI et Universal Music réunies au sein de l'Ifpi (Fédération internationale de l'industrie phonographique). « C'est la première tentative sérieuse de monétisation du marché en ligne chinois », a insisté Lachie Rutherford, président de Warner Music Asia Pacific et de la branche régionale de l'Ifpi.
Rattraper le retard
Pour s'associer à ce projet qui va bouleverser le modèle de développement de l'industrie de la musique et probablement inspirer d'autres marchés, les maisons de production se sont vu promettre des revenus financiers substantiels. Selon Gary Chen, le directeur du site chinois Top100.cn, qui gérera le service avec Google, la nouvelle plate-forme pourrait rapidement générer chaque année, grâce aux annonces publicitaires placées sur ses pages, des revenus de plus de 100 millions de yuans (14,6 millions de dollars) qui seront redistribués, pour moitié, aux maisons de disques. Les concepteurs du service gratuit assurent que les annonceurs devraient plébisciter le nouveau site car il leur permettra de mieux identifier le comportement des consommateurs et d'étudier, grâce aux statistiques de téléchargement, la popularité des artistes et les grandes tendances du marché.
Avec cette nouvelle offre, Google espère, lui, rattraper une partie de son retard sur le très populaire « Baidu » qui contrôle encore 62 % du marché de la recherche chinois et propose, depuis des années, comme des dizaines de sites du pays, le téléchargement illégal de musique gratuite. Ne revendiquant que 28 % du marché de la recherche en Chine, Google est convaincu que c'est l'absence d'offre musicale intégrée à son moteur qui a freiné jusqu'ici son développement. « Ce site va nous permettre de compléter le puzzle et d'offrir enfin un paquet de services complet », a commenté lundi Kai-Fu Lee, le président de Google dans le pays. Il a affirmé que son groupe n'envisageait pas pour le moment d'offre similaire dans d'autres pays.
YANN ROUSSEAU DE NOTRE CORRESPONDANT À PÉKIN.
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