Même sans lien en capital LCF Rothschild prêt à coopérer avec Bank of China

Les Echos, no. 20395 - Finance, mercredi, 1 avril 2009, p. 38

Le suspense jusqu'au bout. Le conseil d'administration de la Compagnie Financière Edmond de Rothschild (LCFR) s'est réuni hier pour approuver les comptes de 2008 et il a aussi pris connaissance des derniers développements de l'accord de coopération stratégique avec Bank of China (« Les Echos » du 25 mars 2009). Depuis la signature effectuée par les deux partenaires en septembre, la banque chinoise attend le feu vert des autorités de Pékin pour prendre, pour un montant de 236 millions d'euros, une participation de 20 % dans la banque française.

Censée s'achever le 31 décembre, la période de validation de l'investissement avait été prorogée jusqu'à hier soir. Et les dirigeants chinois n'avaient pas caché qu'ils espéraient pouvoir annoncer prochainement une bonne nouvelle. On pouvait donc imaginer que les administrateurs de la banque française auraient du nouveau. Ou au contraire se dire que des « deadlines » officiels administratifs peuvent parfois être dépassés en Chine, et donc ne pas interpréter cette date butoir comme une date couperet.

En tout état de cause, le conseil a constaté hier matin que l'autorisation des autorités n'avait pas été portée à sa connaissance. « La Bank of China n'a pas pu obtenir un accord parfait sur l'investissement en capital du régulateur bancaire chinois qui aurait des doutes sur le prix, explique le président du directoire, Michel Cicurel. Et nous avons décidé de ne pas proroger la période de validation et de n'accepter le cas échéant aucune modification du prix qui avait été arrêté en septembre ».

La consternation n'était pas de mise du côté de l'actionnaire familial Benjamin de Rothschild, affirme aussi le banquier français, qui souligne : « Notre partenaire Bank of China était désireux de prendre 20 % au minimum de notre capital, pour faciliter notre partenariat dans le domaine de la gestion privée et de la gestion d'actifs. Pour notre part, nous ne sommes pas demandeurs car nous n'avons pas besoin de fonds propres supplémentaires. »

Toute la gestion a été touchée

En revanche, Michel Cicurel croit toujours à l'avenir du partenariat tout en espérant que Bank of China ne sera pas moins motivée à le mettre en oeuvre, faute de feu vert sur la prise de participation : « A mes yeux, c'est vraiment gagné pour l'accord stratégique de coopération qui est entré en vigueur sans avoir besoin du feu vert des autorités chinoises, même sans accord financier. Nous allons poursuivre nos travaux communs pour renforcer la coopération qui n'a jamais cessé d'avancer. Tout ce temps passé depuis septembre n'a pas été perdu, loin de là. Des liens professionnels et personnels se sont créés. »Pas plus que cette attente ne douche sa volonté de croître en Chine, car « ce pays est totalement stratégique pour nous ». Reste maintenant à savoir ce que diront les Chinois de Bank of China.

En attendant, la Compagnie Financière Edmond de Rothschild a enregistré un bénéfice net de 51 millions l'an dernier, en repli de moitié environ par rapport à 2007. « L'année 2008 a été très difficile et 2009 ne le sera pas moins, commente Michel Cicurel. Nos résultats sont en baisse car toutes les activités de gestion ont été touchées par la crise. Mais ils ont été acquis avec des moyens supplémentaires pour nous permettre de rebondir dès que les marchés financiers se porteront mieux. »

SYLVIE RAMADIER

Les chiffres clefs

LCFR : Branche française du groupe LCF Rothschild, spécialiste de gestion d'actifs et de banque privée. 816 personnes (2.500 pour le groupe). 22,6 milliards d'euros d'actifs sous gestion fin 2008 (- 23,5 %).

Bank of China : Troisième banque chinoise. Forte couverture internationale. 238.000 employés dont 22.000 hors de Chine. Total de bilan : 6.952 milliards de yuans fin 2008 (764 milliards d'euros).

PHOTO - Michel Cicurel, président du directoire de LCFR et Zhu Min, vice-président de Bank of China, 18 septembre 2008 / Reuters

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