Un projet de résolution du Congrès américain en faveur du Tibet a provoqué la colère des autorités chinoises.
POUR LA CHINE, la grande année des anniversaires sensibles a commencé hier, avec les 50 ans du soulèvement tibétain de 1959. Et la période se traduit par une nervosité tant sur le terrain que dans les échanges diplomatiques. Deux premiers accrochages sino-américains se sont ainsi produits coup sur coup, sur la question du Tibet et avec l'incident naval survenu en mer de Chine.
Côté montagnes himalayennes, Pékin s'est indigné hier d'un projet de résolution de soutien au Tibet présenté au Congrès américain. Le ministère chinois des Affaires étrangères a fait part de sa « profonde inquiétude » face à une initiative de quelques « représentants antichinois ». Le texte prévoit de « reconnaître la détresse du peuple tibétain » et appelle le gouvernement chinois « à répondre aux initiatives du dalaï-lama pour trouver une solution durable à la question tibétaine ». L'ire des dirigeants chinois a été avivée par les déclarations de la chef de file des démocrates à la Chambre, Nancy Pelosi. Elle a exprimé le souhait que la résolution soit adoptée à une « écrasante majorité » et affirmé que la situation au Tibet était un « défi pour la conscience du monde ».
Harcèlement maritime
Côté mer, la Chine a retourné les accusations proférées la veille par Washington et appelé les États-Unis à « cesser immédiatement les activités illégales » en mer de Chine méridionale. Le Pentagone a affirmé lundi que plusieurs bateaux chinois avaient « harcelé » de manière périlleuse un bâtiment non armé de la marine américaine dans les eaux internationales. Le Département d'État a protesté et la Maison-Blanche a exhorté Pékin à respecter le droit international. Le navire en question, l'Impeccable, est équipé de moyens de détection sous-marine. On peut imaginer qu'il n'était pas là pour écouter les dauphins, à 60 milles au sud de l'île chinoise de Hainan qui abrite une base navale et notamment des sous-marins nucléaires.
Le représentant républicain Mark Kirk a estimé que l'incident constituait un « premier test » pour l'Administration Obama, et qu'alliés et ennemis des États-Unis allaient regarder de près sa réponse. Ces tensions se produisent deux semaines après la première visite d'Hillary Clinton à Pékin et alors que le chef de la diplomatie chinoise est à son tour à Washington cette semaine.
Sur les « vrais sujets » du moment, les deux pays si interdépendants économiquement sont condamnés à s'entendre. Yang Jiechi doit rencontrer aujourd'hui le secrétaire au Trésor américain Timothy Geithner, dont les déclarations en janvier sur la « manipulation » du yuan avaient vivement irrité Pékin. Le représentant au commerce désigné d'Obama, Ron Kirk, a affirmé lundi que les États-Unis utiliseraient tous les moyens pour pousser la Chine à moins dépendre de ses exportations et à faire plus pour gonfler sa demande intérieure. De son côté, le ministre chinois devrait encore mettre en garde Washington contre les sirènes protectionnistes.
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