Diffusé le samedi 14 mars à 23h40. Documentaire à suivre sur France 3.
Parler vrai, tel est l'objectif de Bernard Debord qui dresse en 52 minutes, un état des lieux sans concession du Tibet, cinquante ans après la fuite, le 10 mars 1959, du dalaï-lama devant la pression de l'armée chinoise qui occupait Lhassa, la capitale. Le chef spirituel des Tibétains échappe alors de justesse à l'étau qui se resserre. Quelques heures plus tard, son palais est bombardé. Il a choisi l'exil et établira son gouvernement à Dharamsala, au nord de l'Inde, rejoint par des milliers de réfugiés.
Les images - photos d'archives noir et blanc, actualités télévisées d'époque, films des répressions dont celle du printemps 2008, à la veille des JO - parlent d'elles-mêmes : des colonnes de soldats, à pied, à cheval, en bateau, prenant d'assaut, en 1951, le Toit du monde, jusqu'à l'arrivée en 2006 du train Pékin-Lhassa, et aux larges avenues d'une capitale toute neuve, vouée au commerce, jalonnée d'immeubles, cubes de béton.
MAINMISE DE LA CHINE
Ce documentaire démonte le mécanisme politique enclenché, dès 1949, par Mao Tsé Toung et qui a conduit à la mainmise de la Chine sur le Tibet. Une colonisation qui n'est, pour les Chinois, que la libéralisation de la population, réduite au servage par l'impérialisme occidental, du Far West de l'empire du Milieu. La chronologie des événements raconte, par le menu, les " soixante ans de mensonge et de supercherie " de l'occupant qui promettait " bonheur, progrès et liberté " au pays des neiges et à son peuple de montagnards nourris de bouddhisme.
Les témoignages, dont celui du dalaï-lama, décryptent les faits : " Quand l'armée - chinoise - est entrée en 1950, affirme-il, le Tibet était une nation indépendante. " Le Prix Nobel de la paix raconte son " attirance pour le marxisme ", au retour d'un voyage à Pékin, convaincu des avantages de la modernité et de l'idée d'une région autonome. C'était avant sa fuite. Avant l'horreur : 6 000 monastères détruits. 200 000 tués ou emprisonnés dans les camps de travail. La fermeture du pays pendant vingt ans. D'anciens prisonniers parlent de la faim, au point de manger la chair des cadavres.
À la mort de Mao (1976), Deng Xiaoping apporte l'ouverture. La parenthèse se referme en 1987. Hu Jintao, dit le " Boucher de Lhassa ", actuel président chinois, impose la loi martiale de 1989 et accélère la colonisation du Tibet, " La maison des trésors de l'Ouest ". A Lhassa vivent 300 000 habitants dont deux tiers de Hans, précise le dalaï-lama qui conclut : " Ce qui se met en place est une sorte de génocide culturel. " Mais " pourquoi indisposer le grand chinois avec les affaires d'une poignée de bergers et de moines ? ", ironise Bernard Debord. La Chine changera, se persuadent les Tibétains qui gardent espoir. La liberté serait dans la nature humaine. Espoir, qu'il ne sera pas trop tard.
Florence Evin
Bernard Debord - (France, 2009, 52 min).
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