lundi 16 mars 2009

Wen Jiabao ouvre la porte aux retrouvailles avec la France - Arnaud de la Grange

Le Figaro, no. 20100 - Le Figaro, samedi, 14 mars 2009, p. 6

Le premier ministre chinois a toutefois mis en garde Paris hier contre toute nouvelle rencontre au sommet avec le dalai-lama.

POUR réchauffer les relations entre la Chine et la France, la balle est toujours dans le camp français, mais Pékin est ouvert aux retrouvailles. C'est en substance le message qu'a fait passer hier le premier ministre chinois. Wen Jiabao a appelé Paris à « adopter une attitude claire sur la question du Tibet, afin de restaurer le plus vite possible les relations entre la Chine et la France », lors d'une conférence de presse à l'issue de la session annuelle du Parlement. Il n'a cependant pas précisé quel geste concret il attendait du gouvernement français. En ajoutant que la Chine avait été blessée par un rendez-vous « à haut profil » entre le dalaï-lama et Nicolas Sarkozy, il a sous-entendu que le fait que ce rendez-vous ait eu lieu alors que le chef de l'État était président en exercice de l'UE avait été un facteur aggravant. Le Quai d'Orsay a réafirmé hier, que la France n'est « pas favorable à une indépendance du Tibet ». Les dirigeants français et chinois se croiseront à l'occasion du G20 à Londres début avril.

Interrogé sur les demandes faites à la Chine par le Congrès américain, l'Administration Obama ou le Parlement européen de renouer le dialogue avec le dalaï-lama, le premier ministre a dit que « la porte (était) ouverte » à ses émissaires, sous réserve qu'il renonce à ses menées « séparatistes ». La confiance, cependant, est loin de régner. Il a rappelé que le dalaï-lama ne devait pas être vu comme un « simple religieux », mais qu'il était aussi une « personnalité politique en exil ». Alors que le Tibet vit aujourd'hui le premier anniversaire des émeutes du printemps dernier, Wen Jiabao a affirmé que la situation y était « calme et stable ».

Sur le volet économique, Wen Jiabao n'a pas caché ses inquiétudes, reconnaissant qu'atteindre l'objectif de 8 % de croissance était encore « possible », mais serait « difficile » et que le problème du chômage était préoccupant. Confiant sur l'efficacité du plan de 450 milliards d'euros, il n'a pas exclu de nouvelles mesures de relance, si nécessaire, ayant des « munitions en poche ». Au passage, le premier ministre chinois a confié être « soucieux » de tout l'argent prêté à Washington et appelé les États-Unis à sécuriser ces actifs.

Main tendue américaine

Cette relation économique et financière si étroitement imbriquée entre Chine et États-Unis a été au coeur des entretiens que le chef de la diplomatie chinoise Yang Jiechi a eu à Washington ces jours derniers. En le recevant, Barack Obama a exprimé le souhait de « renforcer la coopération » entre les deux pays en ces temps de crise mondiale. Mais la Maison-Blanche a précisé qu'avaient aussi été évoqués des sujets plus sensibles, comme les droits de l'homme et le Tibet. Et, bien sûr, l'incident naval de mer de Chine, dont le président américain a déclaré vouloir éviter toute répétition à l'avenir. Dans le même temps, les Américains n'ont pas baissé le pavillon, en faisant savoir que leur navire de surveillance serait désormais escorté par des destroyers lourdement armés en ces eaux chaudes. Pékin a protesté hier contre cette « réponse inappropriée ».

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