Vent de la Chine - numéro 11, 6 avril 2009
Les jours précédant le G20 de Londres, le 2/04, était hanté du souvenir de 1933: dans cette même métropole cette année-là, les puissances, paralysées par leurs égoïsmes nationaux, n’avaient pas pu trouver de remède à la crise de 1929. Or au G20, des blocs arrivaient divisés, attribuant chacun la récession à une cause différente, en fonction de leurs intérêts (pour l’Europe «la dérégulation», pour le bloc anglo-américain «les banques», pour Chine et Russie «le dollar»).
C’est sans doute ce pessimisme général qui a sauvé le sommet : l’échec apparaissait inéluctable, mais nul n’a voulu nul ne voulant en porter la responsabilité, et tous ces leaders voyaient progresser à toute vitesse dans leurs pays le chancre du chômage et du protectionnisme. Aussi chacun a mis en sourdine ses exigences pour se contenter du faisable, et de l’urgent. Et notamment, le bloc anglophone a renoncé à forcer la zone Euro à le suivre dans le surendettement.
Au plan du financement, 850MM$ vont à la Banque mondiale et surtout au Fonds monétaire international qui voit ses fonds triplés (à 750MM$) : avec 250MM$ offerts via d’autres canaux, 1100MM$ sont disponibles aux pays en développement et émergents.
Les leaders s’accordent pour réguler strictement les fonds de pension, les émoluments des PDG, les firmes évaluant la fiabilité des placements fiduciaires et le degré de risques permissibles aux banques. C’est dans ce contexte qu’eut lieu la semi-réconciliation entre les Présidents Hu Jintao et Nicolas Sarkozy : le Français exigeait la levée du secret bancaire des paradis fiscaux, que Hu refusait pour divers motifs techniques, ses deux vraies raisons étant le vieux différend sur le Tibet, et son souci d’obtenir une exemption pour Hong Kong et Macao… en fin de comptes, c’est Obama, qui prit un à un les deux hommes, dans un style très libre et créatif (s’adressant à eux sous le vocable de « guys », ou « les gars ») et leur vendit un compromis permettant de mettre au pilori ces paradis fiscaux, avec sursis (probablement fugace, car intenable) aux deux places asiatiques.
L’importante offre russo-chinoise de remplacer le dollar comme devise mondiale par une monnaie panier du FMI, n’est pas enterrée : Moscou a proposé une « étude sur la question », qui resurgira au prochain G20 de New York en septembre. Tandis que sur l’île sarde de La Maddalena en juillet, le G8 verra -peut-être- le marathon final pour la Ronde de Doha, série de concessions réciproques négociées depuis 2001 entre 180 pays membres de l’OMC. Selon Chen Deming, ministre du commerce, elles porteraient au monde 1000MM$ d’affaires industrielles supplémentaires, et 150MM$ en échanges agricoles.
Bilan : un Sommet tournant historique, même si ses déclarations en sont au stade de l’intention. La Chine, elle, est apparue à Londres une des forces sans laquelle aucun changement n’est possible !
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