Dans un rapport publié aujourd'hui, l'institution annonce une reprise de l'économie chinoise en milieu d'année.
MÊME avec une croissance divisée par deux, la Chine reste la planche de salut de l'Asie. Un rapport de la Banque mondiale publié ce matin confirme que le produit intérieur brut (PIB) du pays ne dépassera pas une hausse de 6,5 % cette année, contre 13 % en 2007 et 9 % l'an dernier. Mais c'est « grâce à la Chine que la croissance des pays en développement de l'Asie de l'Est et du Pacifique sera la plus rapide de toutes les régions du monde ».
La banque crédite ces pays d'une hausse moyenne de leur PIB de 5,3 %, alors qu'elle prévoit une progression de 3 % seulement pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord et une baisse de 3 % pour les membres de l'OCDE. L'an dernier, la croissance de l'Asie était de 8 % ; en 2007, elle dépassait 11,5 %. La Banque mondiale se montre-t-elle trop optimiste ? La semaine dernière, la Banque asiatique de développement (BAD) révisait au contraire à 3,4 % ses prévisions pour les pays asiatiques en développement en 2009.
L'étude dévoilée aujourd'hui, qui ne prend pas en compte le Japon, fait cependant une différence entre les pays à revenus moyens, comme la Thaïlande, la Malaisie, l'Indonésie et les Philippines, qui « étaient mieux préparés au choc après la crise financière asiatique de 1997-1998 », et les plus riches, Corée, Taïwan, Singapour, entièrement dépendants de leurs exportations. Les premiers ont « renforcé leur balance commerciale, augmenté leurs réserves de changes, réduit leurs dettes et amélioré le contrôle de leurs banques ». Les seconds vont connaître des chutes de croissance évaluées entre 2 % et 5 % et « leurs perspectives de croissance sont incertaines ».
La Banque mondiale, certes, ne s'attend pas à ce que Pékin passe à travers l'orage. Mais elle affirme que l'économie chinoise atteindra son point le plus bas dès le milieu de cette année, avant de rebondir. « Elle pourrait redémarrer pleinement en 2010 et contribuer à la stabilisation de la région, voire à sa guérison », assure-t-elle.
Consommation et services
Elle fonde sa confiance sur les plans de relance lancés par le gouvernement chinois qui, calcule-t-elle, représentent 465 milliards d'euros, soit 12 % du PIB. « Le pays est en train de faire basculer ses forces des industries exportatrices vers la consommation et les services », souligne le rapport. « En augmentant la part des services et en stimulant la consommation intérieure, en particulier celle des ménages ruraux, la Chine peut parvenir à une croissance durable qui permettra une amélioration sensible du niveau de vie et une réduction de la pauvreté. »
Pauvreté que la crise, bien entendu, aggrave. En Chine, 25 millions de travailleurs migrants se retrouvent privés d'emploi et obligés de retourner à la campagne. Mais dans la région tout entière, ce sont 24 millions de personnes supplémentaires qui étaient officiellement au chômage en janvier dernier, 1 million de plus qu'au début de l'année 2008. Et selon la BAD, plus de 60 millions de personnes sont directement confrontées à la pauvreté. « L'effondrement de la demande mondiale et la faiblesse de la consommation domestique ont entraîné une chute de la production industrielle dans tous les pays depuis le milieu de l'an dernier », note la Banque mondiale.
Elle n'ignore pas que la Chine, qui ferme des usines par centaines dans le sud du pays, n'est pas épargnée. Mais elle pense qu'elle est capable d'assurer la stabilité des pays d'Asie de l'Est, « bien qu'une reprise durable de la Chine dépendra en dernier ressort de l'état des économies développées ».
À plus long terme, la banque estime aussi que la région pourra en profiter pour tirer davantage de croissance de la consommation, améliorer sa compétitivité, trouver de nouveaux marchés, renforcer ses petites et moyennes entreprises et attirer plus d'investissements étrangers.
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