Une série de statistiques économiques a réconforté les autorités chinoises, qui veulent croire à leur objectif de croissance de 8 % en 2009. Les experts pointent le ralentissement des exportations et l'explosion des volumes de prêts bancaires.
Les envois de marchandises « made in China » vers l'étranger n'ont reculé « que » de 17,1 % par rapport au mois de mars 2008.
Si les économistes indépendants se montrent encore réservés et les autorités chinoises prudentes, les marchés du pays n'hésitent pas, eux, à célébrer un début de rétablissement de la croissance domestique. Hier, l'indice composite de la Bourse de Shanghai a progressé de 2,8 % pour finir à 2.513,70 points, son plus haut niveau des huit derniers mois. « L'économie se remet et nous ne voyons pas de problème d'approvisionnement en liquidités. La probabilité d'une amélioration des résultats des entreprises augmente », se réjouissait, dans la soirée, Zhao Zifeng, un des analystes de China International Fund Management Co, qui s'est régalé depuis quelques jours de la diffusion de nouvelles statistiques officielles sur l'état de l'économie chinoise.
Plan de relance
Au cours du week-end, les optimistes ont salué la hausse de 8,3 % de la production industrielle au mois de mars et ont surtout noté que la chute des exportations chinoises, qui s'est enclenchée il y a cinq mois, semblait ralentir. Le mois dernier, les envois de marchandises « made in China » vers l'étranger n'ont reculé « que » de 17,1 % par rapport au mois de mars 2008. En février, ce ralentissement avait été de 25,7 %. « On ne peut pas encore parler de tendance », a pointé Jason Xu, un économiste de China International Capital Corporation (CICC). « Mais c'est un bon signe en ce moment. » « Nous nous attendons à voir les ordres à l'exportation rebondir dans les mois à venir. En fait, on a déjà vu des signes d'amélioration dans le PMI (l'indice des directeurs d'achats) concernant les commandes à l'export, et dans le transit dans les ports chinois », a complété l'économiste d'UBS, Wang Tao, dans une note à ses clients. Les envois de productions à faible valeur ajoutée ont ainsi déjà repris leur croissance. Les exportations de vêtements étaient le mois dernier supérieures de 9,9 % à celles mesurées au printemps 2008, avant la crise mondiale. Suivant la publication de ces chiffres, les données sur les volumes de prêts bancaires sont venues conforter les experts chinois qui veulent croire que la croissance du pays a connu sa période la plus difficile des dix dernières années au cours du premier trimestre de 2009.
Sous les ordres de Pékin, qui a exigé le soutien total aux grands travaux du plan de relance et aux projets des entreprises publiques, les banques commerciales d'Etat ont accordé en mars... 1.890 milliards de yuans (210 milliards d'euros) de prêts.
Créances douteuses
Peu effrayée par ces montants, qui laissent pourtant présager une explosion des créances douteuses et un détournement de crédits vers les marchés boursiers, la banque centrale chinoise a démenti, hier, tout resserrement de sa politique monétaire en indiquant qu'elle continuerait de s'assurer que le pays ne manque pas de liquidités. « La croissance rapide des prêts va se poursuivre », en conclut Stephen Green de la Standard Chartered Bank.
Sans attendre la publication - probablement jeudi - des chiffres de la croissance au premier trimestre, Wen Jiabao, le Premier ministre, avait indiqué, dès dimanche, que l'économie de son pays montrait, grâce au plan de relance de 4.000 milliards de yuans déroulé depuis novembre dernier, « des signes positifs meilleurs que prévu » et que certains secteurs avaient même engagé « une reprise en douceur ». A ce rythme, Pékin croit pouvoir flirter avec son objectif de 8 % de croissance sur l'ensemble de 2009 et ainsi désamorcer toute crise sociale majeure qui pourrait peser sur l'autorité du Parti communiste.
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