Depuis qu'il est avéré que le Mexicain de 25 ans arrivé à Hongkong et descendu au Metropark, le 30 avril, en provenance de Shanghaï était bel et bien porteur du virus A (H1N1), l'hôtel est au bord de la crise de nerfs. Les trottoirs à proximité du bâtiment ont été fermés par des rubans rayés " ne pas passer ", comme sur les lieux d'un crime. Des camionnettes de police sont stationnées à chaque coin du pâté de maisons, et une bonne douzaine de fonctionnaires de la santé publique, habillés en bleu ou en vert, chaussons et bonnet inclus, s'activent à gérer les arrivées et les sorties des médecins ou des inspecteurs de santé ainsi que les médias, massés derrière des barricades.
Dimanche soir, les autorités ont cru bien faire en occultant les baies vitrées de l'hôtel, voulant sans doute atténuer l'effet " zoo " de cette mise en quarantaine collective, alors que les caméras de télévision étaient braquées sur sa façade pour tenter de capter l'angoisse des quelque 300 clients et employés condamnés à prolonger leur séjour de sept jours.
Mais l'initiative a fait long feu. Elle a déclenché une " mini-émeute " chez les clients, nous dit au téléphone l'entrepreneur français Olivier Doligé, directeur d'une société spécialisée dans le cadeau haut de gamme, qui s'est retrouvé piégé dans le Metropark. Joint dans la chambre où des amis lui ont fait une place, il décrit une ambiance plutôt sereine et minimise les " crises " dont la presse locale s'est fait l'écho. La routine quotidienne de ces assignés à résidence consiste à se faire prendre la température trois fois par jour, à noter ses prises de Tamiflu et à descendre chercher sa boîte repas.
" Le seul problème, c'est la nourriture ", indique M. Doligé. Elle serait infâme, " alors que le quartier regorge de bons petits restaurants chinois ". " On a réussi à se faire livrer du vin ", se félicitait-il dimanche, partageant ces moments de détention sanitaire avec dix autres Français et deux Belges. Lundi, le menu semblait s'arranger : jus de fruit, chocolat et presse locale au petit déjeuner. " Le consulat de France nous a trouvé un traiteur et va nous fournir Le Monde ", explique encore M. Doligé, par ailleurs contrarié de n'avoir " aucune information sur ce qui ce passe dans l'hôtel ".
En fait, 39 clients et 26 employés, fiévreux, ont été envoyés loin du centre-ville, dans un camp de vacances transformé en camp de quarantaine. Le gouvernement a également dépêché des psychiatres pour aider les clients à faire face à cet isolement forcé. " Ils n'auront rien à payer pour tout leur séjour, le gouvernement va s'occuper de l'extension de leur visa et de leurs réservations de billets d'avion. Nous souhaitons qu'ils soient le mieux possible ", a déclaré Pamela Tan Kam Mi-Wah, directrice des affaires intérieures de Hongkong. Pourtant, le personnel fatigue, et les clients se lassent.
Parallèlement, le gouvernement s'est lancé dans une course contre la montre pour identifier les deux chauffeurs de taxi qui ont transporté le malade mexicain de l'aéroport à l'hôtel et de l'hôtel à l'hôpital, ainsi que les dizaines de personnes assises près du " siège 23A ", dans son avion.
Hongkong souffre sans doute encore du syndrome de l'hôtel Metropole : il y a six ans, à l'époque du SRAS, les autorités sanitaires avaient remonté le fil du virus jusqu'au neuvième étage de l'hôtel. C'est là que le client de la chambre 911, en provenance de Chine du Sud, avait contaminé treize personnes, qui disséminèrent ensuite le virus à travers le monde.
Florence de Changy
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