L'intraitable junte de Birmanie contraint l'Europe à admettre son impuissance, ou plutôt sa sujétion, au bon vouloir d'un partenaire peu regardant sur les droits de l'homme : « l'Union européenne ne pourra rien faire aussi longtemps que la Chine soutiendra le régime birman », reconnaissait-on hier à la Commission européenne.
Le procès monté contre Aung San Suu Kyi a été discuté par les ministres des Affaires étrangères des Vingt-Sept. Sanctions ou pas sanctions ? Le sujet reviendra sur la table demain, lors du sommet Chine-UE à Prague. Mais à l'obstination des généraux l'Europe ne peut opposer que des mots ou des demi-mesures.
Une responsabilité lui revient : l'Europe s'est privée de leviers en imposant, avec les États-Unis, un embargo quasi total à la Birmanie. À l'interdiction des ventes d'armement se sont ajoutés depuis dix ans le gel des avoirs de la junte puis le bannissement des achats de matières premières. Seuls échappent l'aide humanitaire, le textile et les investissements dans l'énergie. « Nos relations sont pratiquement inexistantes », avouait hier le ministre suédois Carl Bildt.
La Chine occupe le vide sans états d'âme, après avoir bloqué toute condamnation de la junte par le Conseil de sécurité. Les investissements étrangers en Birmanie ont doublé l'an dernier, presque exclusivement financés par la République populaire dans le gaz et dans le pétrole. Comme avec la Corée du Nord, Pékin fait passer ses intérêts avant les bons sentiments. Elle confirme aussi la vanité de tout embargo qui n'est pas respecté par tous.
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