Les chantiers se multiplient en vue de l'Exposition universelle, qui débutera le 1er mai 2010, mais aussi au service des ambitions de la ville.
SUR LE SITE de l'Exposition universelle de 2010, les grues s'activent et les échafaudages ne cessent de grimper. Ceux du pavillon chinois, sont déjà en plein démontage et laissent voir l'imposante structure de 70 mètres de haut qui domine les 5,3 km² de l'« Expo ». Dans ce brouhaha continu, seule la parcelle américaine rappelle la crise : pas d'ouvriers, ni de pelleteuses, un terrain vague en mal de projet et surtout de financement.
Mais à Shanghaï, les yeux sont rivés ailleurs : les comptes à rebours disséminés dans la ville ont atteint hier J - 365, véhiculant un air de fête qui efface le ralentissement de l'économie chinoise. « Cette exposition est une part importante du plan de relance. C'est un levier puissant pour restaurer la confiance nationale, mais aussi internationale »
, veut croire Xu Bo, en charge des participants étrangers pour le Comité d'organisation de l'Exposition universelle de Shanghaï, qui doit accueillir 187 pays exposants et 70 millions de visiteurs. La mascotte bleue Haibao (« Trésor de la mer »), affiche un sourire enfantin infaillible.
L'Expo est un fabuleux moteur de transformation. Trois milliards d'euros ont été investis pour l'aménagement du site, mais de nombreux travaux d'infrastructures sont aussi engagés. Nouvelles lignes de métro, extension d'un aéroport, réaménagement de la vieille ville chinoise, réhabilitation de la mythique promenade du Bund avec ses immeubles des années 1930 en bord de fleuve... Shanghaï ne paraît plus préoccupée que par le visage qu'elle offrira en 2010. « Nous voulons utiliser les opportunités d'affaires créées par l'Expo pour doper l'économie locale »
, reconnaît M. Xu, du comité d'organisation. La croissance de l'économie locale est traditionnellement supérieure à la moyenne : 9,7 % à Shanghaï, contre 9,1 % pour l'ensemble de la Chine en 2008.
Centre financier et maritime
Face au ralentissement actuel, la Chine espère un rebond rapide. L'Expo 2010 participe à la communication positive. Pas étonnant que le gouvernement central ait choisi ce moment pour reformuler son soutien au développement de Shanghaï, comme centre financier et maritime international sur le long terme. « Dans le contexte de crise, les efforts engagés pour accélérer le développement d'une industrie de services moderne, d'un centre manufacturier avancé et construire un centre financier et maritime international à Shanghaï sont importants pour mieux servir le bassin du Yangtse, mais aussi tout le pays »
, stipulait le gouvernement chinois fin mars.
D'ici 2020, la métropole de l'Est chinois ambitionne de rivaliser avec les plus grands centres financiers mondiaux, se calant sur le modèle de Londres, dont l'activité logistique a profité au secteur financier. Une ligne suivie depuis le début des années 1990. Deng Xiaoping avait alors appelé à faire de Shanghaï le centre financier chinois. La première étape avait été de déclarer le quartier de Pudong, en bordure du fleuve, zone économique spéciale. Presque vingt ans après, cet ancien bourg rural compte la plus haute tour de Chine et une zone industrielle high-tech. Mais il reste du chemin à parcourir. Le siège de la banque centrale et des grandes banques nationales restent à Pékin, les marchés sont accessibles aux étrangers sous des conditions très restrictives, le yuan n'est pas convertible...
Shanghaï peut-elle rattraper son retard en une décennie ? « Elle a tous les atouts »
, estime François Cristofari, directeur de BNP Paribas en Chine. Tout peut aller vite quand la volonté politique est là. En janvier, les autorités chinoises ont annoncé l'ouverture du marché obligataire, presque du jour au lendemain. Mais Hongkong ne compte pas laisser sa place facilement. Et d'autres métropoles asiatiques nourrissent les mêmes ambitions, comme Singapour, Bombay ou Sydney.
PHOTO - Structure du site de l'Exposition universelle de Shanghaï de 2010. Cette manifestation devrait accueillir 70 millions de visiteurs. N. Elias/Reuters
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