Le Figaro Économie, vendredi, 11 septembre 2009, p. 22
Le premier ministre estime que les bases de la croissance sont trop fragiles pour changer de cap aujourd'hui.
Aucune raison de dévier de la ligne fixée pour la relance chinoise. C'est le message qu'a fait passer, hier, le premier ministre chinois Wen Jiabao à Dalian, pour l'édition 2009 du « Davos chinois », en avertissant que les bases d'un redémarrage de l'économie chinoise n'étaient « ni stables, ni consolidées, ni équilibrées ». Dans ces conditions, la priorité reste une croissance rapide et la politique gouvernementale d'investissements massifs reste le meilleur remède. La preuve : la Chine est bien partie pour atteindre ou dépasser l'objectif de 8 % de croissance en 2009. Le rythme de l'activité progressait de 7,9 % en glissement annuel au second trimestre, après être retombé à 6 % au dernier trimestre 2008. Il y a peu, Stephen Roach, le président de Morgan Stanley en Asie, estimait que « 88 % de la croissance du premier semestre » était le fait des investissements.
Crainte de bulles spéculatives
Wen Jiabao s'est attaché à désamorcer les critiques de ceux qui s'alarment d'une stratégie de sauvetage dans l'urgence, qui risque à moyen terme d'aggraver les déséquilibres de l'économie chinoise, caractérisée par le surinvestissement et la sous-consommation. Toutes les réformes engagées pour y remédier ont été gelées avec la crise, les mesures actuelles pourraient compromettre leur relance. Le premier ministre chinois a cependant tenu à faire valoir les nombreuses mesures de Pékin en faveur du « développement à long terme », par le biais de « l'amélioration des conditions de vie de la population » : le logement social, la réforme de la santé ou encore l'annonce toute fraîche d'un système expérimental de retraite en milieu rural (lire ci-contre).
L'autre inquiétude est qu'une partie des liquidités lâchées par les banques - 760 milliards d'euros de nouveaux prêts entre janvier et juin, soit deux fois le montant de toute l'année 2008 - ne soit pas injectée dans l'économie réelle, mais favorise la création de bulles spéculatives sur le marché boursier et dans l'immobilier, un secteur menacé par l'augmentation des créances douteuses. Depuis le début de l'année, la bourse de Shanghai s'est envolée de plus de 80 %.
Déséquilibres persistants
Du coup, le gouvernement a demandé aux banques de mieux contrôler la destination de leurs prêts. Dès le mois de juillet, le nombre de prêts accordés aux entreprises a reculé, alors que les crédits aux ménages ont doublé. Le rééquilibrage vers plus de consommation intérieure, un objectif réaffirmé avec force hier, prendra du temps. La reprise vigoureuse et rapide des exportations, sur laquelle tablent tant les dirigeants chinois, n'est pas si évidente.
Wen Jiabao a reconnu hier que, si « l'économie mondiale allait reprendre, le processus serait long et tortueux ». Moteur de la relance mondiale, grâce à son plan massif d'investissements publics, la Chine reconnaît à Dalian qu'elle reste handicapée par des déséquilibres persistants, ce qui ne doit pas faire espérer de miracles aux Occidentaux.
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