Zhu Xinjian et la peinture érotique chez Nardone - Jean-Claude Vantroyen

Le Soir - 1E - CULTURE, samedi, 12 septembre 2009, p. 36

Elles sont nues. Le ventre seul est caché par un tissu coloré. Elles sont légèrement alanguies, les yeux mi-clos, le regard tourné vers ceux qui les admirent. Elles se caressent parfois, avec comme un air de provocation souriante. A leur côté, un vase, des fleurs, une théière quelquefois, un chat qui accentue la langueur. Et des mots en chinois. Pas de la belle calligraphie, non, des caractères comme cassés, de la même façon que les postures physiquement intenables des jeunes femmes. Zhu Xinjian y écrit : « Il m'est arrivé une aventure de jeunesse/Dont je réserve le secret à mon seul amant. » Ou : « La crue noie le ciel. »

Zhu Xinjian vit en Chine, à Nankin. Il y était professeur principal à l'Institut des beaux-arts. Il a beaucoup voyagé, en Europe, en Belgique. Il a exposé en 1993 au Musée d'art et d'histoire, déjà des peintures érotiques. Aujourd'hui, après une thrombose, il est en partie paralysé, à 56 ans. Il ne peut venir se réjouir de cette nouvelle exposition de ses encres de Chine et aquarelles sur papier de riz que son ami Antonio Nardone a mise sur pied dans sa propre galerie.

« J'ai connu Zhu en 1986-87, raconte Antonio Nardone. J'étais à Pékin. Zhu faisait de petites peintures qu'il collait dans des livres, il dessinait aussi des livres pour enfants qui se vendaient à deux millions d'exemplaires. Il était très célèbre. Sous le manteau, il montrait ses petites peintures érotiques. Nous l'avons convaincu d'en réaliser de plus grandes. »

La galerie Nardone en expose une cinquantaine. Des formats assez grands de 52 x 52 cm. Et des formats plus petits, 19 x 14 cm, qui illustrent un roman érotique chinois de la fin du 16e siècle, le Jin Ping Mei, Prunier dans un Vase d'or. Des scènes plus décidément érotiques peintes avec délicatesse et accompagnées d'extraits du roman. Comme : « La passion les tenait plus fort que glu et laque »...

Zhu Xinjian, Galerie Antonio Nardone, rue Saint-Bernard, 34-36, 1060 Bruxelles ; jusqu'au 10 octobre, du mercredi au samedi de 14 à 18 h ; 02-333.20.10 ; www.galerieantonionardone.be.

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