L'ambassadeur de Chine en France livre son point de vue sur les émeutes qui ont agité la province chinoise du Xinjiang.
Depuis près de deux mois, le Xinjiang attire les regards. De nombreux journalistes chinois et internationaux sont arrivés dès les premières heures des émeutes à Urumqi pour témoigner ce qui s'y était passé en juillet. Comme les lecteurs du Figaro s'y intéressent, je suis heureux de leur faire partager quelques réflexions.
La région autonome ouïgoure du Xinjiang est l'une des cinq régions autonomes de la Chine. Représentant un sixième du territoire chinois, cette région est réputée pour sa diversité ethnique et culturelle.
À peu près 50 ethnies vivent au Xinjiang. Les Ouïgours, les plus nombreux, représentent 46 % des 21 millions d'habitants. Et les Hans (40 %) s'y installent et exploitent des terres agricoles depuis 2 000 ans. La dynastie Han y nomme, dès 60 av. J.-C., des gouverneurs militaires. Depuis, le Xinjiang s'est officiellement intégré dans le territoire chinois.
Depuis la fondation de la République populaire de Chine en 1949, le taux de croissance démographique des minorités ethniques au Xinjiang dépasse celui des Hans grâce à la politique démographique avantageuse envers les ethnies minoritaires. Le nombre des Ouïgours est passé de 3,29 millions en 1949 à 9,41 millions aujourd'hui.
Le Xinjiang, passage stratégique de la célèbre route de la soie, a joué un rôle important dans les échanges économiques et culturels entre l'Occident et l'Orient. Les grandes inventions de la Chine, à savoir la papeterie, l'imprimerie, la poudre et la boussole, sont introduites dans les pays arabes par cette ancienne route pour gagner ensuite le continent européen. De ces faits, depuis l'antiquité, coexistent au Xinjiang de nombreuses religions. Au Ie siècle av. J.-C., le bouddhisme pénètre au Xinjiang. Au Ve siècle apr. J.-C., le taoïsme entre dans la région. Introduit à son tour dans le sud du Xinjiang via l'Asie centrale au IXe siècle, l'islam prend la place du bouddhisme et devient la première religion au Xinjiang au XVIe siècle. Le catholicisme et le protestantisme y arrivent au XVIIIe siècle. Aujourd'hui, la région bat le record mondial en nombre de mosquées (24 000).
Les langues des ethnies minoritaires sont parfaitement pratiquées au Xinjiang. Les services publics utilisent deux ou plusieurs langues et écritures de la région. La radio régionale diffuse ses émissions en ouïgour, en mandarin, en kazakh, en mongol et en kirghiz, et la télévision régionale en ouïgour, en mandarin et en kazakh. Les écoles primaires et les lycées dispensent l'enseignement en 7 langues, les universités en 4 langues. 90 % des élèves sont scolarisés dans des écoles qui utilisent les langues minoritaires pour l'enseignement. Depuis soixante ans et surtout à partir du lancement de la politique de réforme et d'ouverture sur l'extérieur en 1978, l'économie et les services sociaux de la région ont connu un progrès prodigieux. Le niveau de vie des différentes ethnies s'est nettement amélioré. Le PIB du Xinjiang a connu une croissance continue à deux chiffres en six ans depuis 2003, avant d'atteindre 11 % en 2008 contre 9 % au niveau national. Depuis trente ans, l'import-export du Xinjiang a été multiplié par mille, le revenu par habitant par trente. Avec la libre circulation des personnes, de plus en plus d'habitants du Xinjiang travaillent dans d'autres provinces du pays.
Aujourd'hui, on trouve partout en Chine des restaurants musulmans. En parallèle, la présence croissante des entreprises des autres provinces contribue au développement économique de la région. Réputé pour son paysage pittoresque et sa diversité culturelle multiethnique, le Xinjiang est une destination touristique idéale, accueillant en 2008 plus de 22 millions de touristes, dont 360 000 étrangers. Attachées à la tradition chinoise caractérisée par l'harmonie et l'entraide, toutes les ethnies du Xinjiang bénéficient de la politique de réforme et d'ouverture. C'est pourquoi elles condamnent à l'unanimité les émeutes de cet été.
De plus en plus de preuves montrent que les émeutes, orchestrées par les séparatistes depuis l'étranger, participent du terrorisme. Le rétablissement de l'ordre public à Urumqi prouve que malgré les agissements des forces extrémistes, séparatistes et terroristes depuis des décennies, le peuple a toujours choisi la fraternité, la stabilité et la prospérité.
Le Xinjiang a accueilli il y a sept siècles les premiers Français sur le territoire chinois. Ces Français, missionnaires et explorateurs, arrivés en Chine par la route de la soie, ont entamé la période de connaissance et de compréhension entre les deux grandes civilisations. Nous souhaitons la bienvenue à plus de Français au Xinjiang pour renforcer la compréhension mutuelle et promouvoir une coopération bénéfique à tous.
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3 commentaires:
La liberté d'expression mérite de publier le point de vue de l'ambassadeur de France en Chine. Néanmoins, les opinions de celui-ci sont bien entendu biaisées par le traditionnel aveuglement propre à la dictature chinoise. Si les chinois sont nombreux à se faire blouser par la doctrine officielle (pour combien de temps encore?), je me permet de faire remarquer au lecteur averti que le Xinjiang ne fait pas partie de la Chine depuis 60 AP JC comme le laisse sous entendre l'ambassadeur de ce sinistre régime. Il a bel et bien été envahi lors des conquêtes post 2e Guerre Mondiale (lors de la 'libération' organisée par la naissante dictature communiste, à coups de tank et de génocide ethnique), comme le Tibet et la Mongolie Intérieure.
A bon entendeur...
Merci pour ces rectifications.
Par ailleurs, il y a deux mois, un article est paru sur la lutte des Ouïgours. Il pourrait dissiper les reproches de prendre partie pour une cause en particulier :
http://toutsurlachine.blogspot.com/2009/07/pourquoi-les-ouigours-ne-se-sentent-pas.html
Cordialement
Les conquêtes communistes ne se bornent pas au Xinjiang ou Tibet, elles concernaient aussi le Canton, le Sichuan, la manchourie, et les villes de Shanghai, Pékin etc.,Il s'agissait d'une révolution sanglante, certes, mais c'est autant irresponsable de réécrire l'histoire de la Chine avec des informations biaisées propres au discours occidental. Quant à la géographie, il suffit de trouver une carte de Chine publiée avant 1949, ce qui est extrêmement facile de nos jours, ou de lire Oasis Interdites d'Ella Maillart pour voir de quoi avait l'air le territoire chinois de l'époque.
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