France Culture - Chronique internationale, vendredi 18 septembre 2009
C’est un peu la dernière chronique de rentrée puisque, à petite touche, quand l’actualité ne l’exigeait pas, nous avons vu les principales régions du monde s’éveillaient à cette nouvelle année et nous avons vu Obama et les difficultés probables de Poutine en Russie. En Chine, il n’y a pas de difficultés, mais par contre il y a peut-être une mutation. On annonce en effet que Hu Jintao, l’actuel président de la Chine, va donner les rennes du pouvoir d’ici deux ans à un successeur. Et il faut admirer la manière dont les Chinois procèdent qui n’a plus rien avoir avec celle des dictatures du passé où le numéro 1 était éternel jusqu’à ce que des ennuis de santé ou des complots de sérail mettent en cause son autorité. En chine, c’est un processus de transition totalement administratif réglé comme du papier à musique. Il y a un mandat de dix ans pour un secrétaire général du parti qui devient président de la Chine, et ensuite, on lui trouve un successeur encore jeune. Ici, le nom est déjà indiqué : Li Shiping (sic). Évidemment les noms chinois sont difficiles, mais on va finir par se souvenir de son nom, lequel devrait dès l’année prochaine devenir président de la commission militaire du comité central, un centre de pouvoir considérable, qui pour le seul civil qui en est membre signifie qu’il va exercer les pouvoirs régaliens dans leur totalité.
Li Shiping est un candidat qui satisfait à deux exigences. C’est un fils d’un grand dirigeant et donc, il plaît assez bien à l’aristocratie de facto qui s’est constituée en Chine. Mais c’est aussi un gros travailleur qui a passé son temps à aller de préfecture en préfecture selon le système impérial chinois que Napoléon a ensuite adopté pour la France et qui est très bien décrit dans « Le juge Ti ». Il a d’abord été au Gansu, province de l’Ouest, difficile où Hu Jintao lui-même s’était illustré dans sa jeunesse. Et puis ensuite, le Sichuan, dans la plus grande province de Chine qui est un peu comme un marchepied vers le pouvoir suprême. L’homme est évidemment prudent, mais c’est un réformateur économique convaincu du bien fondé du modèle chinois.
Alors, bien fondé du modèle chinois, c’est là la vraie question. En réalité, le modèle chinois a changé radicalement avec la crise beaucoup plus qu’aux États-Unis ou en Europe. En l’espace d’un an, avec des méthodes léninistes de dictature autoritaire, ce sont des sommes absolument astronomiques qui ont été dépensé pour ranimer le marché intérieur. Et alors que les exportations chinoises baissaient de plus de 5% pendant l’année, la Chine enregistrait une croissance de 8 ou peut-être de 8,5% vers décembre, soit la plus forte croissance de l’ensemble de la planète qui est pour beaucoup dans la précocité avec laquelle nous sommes en train de sortit de cette immense crise. Et, évidemment, la question est posée quand on distribue du pouvoir d’achat, comme les Chinois l’ont fait, sous toutes les formes, les salaires ont augmenté, mais aussi les prestations sociales ont beaucoup amélioré (santé, éducation) qui jusqu’ici avait perdu leur gratuité.
Après avoir distribué du pouvoir d’achat, la question est de savoir s’il faut distribuer du pouvoir tout court. C’est-à-dire, est-ce que la démocratisation en Chine peut reprendre après ces années où elle a été mise sous le boisseau, cette "cinquième modernisation", comme l’appelait Deng Xiaoping ? La question est ouverte, mais à mon avis, le changement d’équipe pourrait bien se traduire par une ouverture prudente, mais inévitable en matière de libertés politiques.
"L'année du modèle chinois"
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Il y a 1 an
2 commentaires:
Dommage que personne ne lui ait dit que le dirigeant en question s'appelle Xi Jinping... Et qu'il n'a jamais gouverné le Sichuan ...
Bravo Thomas ! Je comptais faire un post pour avertir les lecteurs, mais tu as été plus vite !
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