Le géant asiatique dit atteindre son objectif de 8% de croissance en 2009. Les usines réembauchent et les exportations reprennent. Avec un yuan sous-évalué? Et la surchauffe? Une forte délégation s'explique à Genève.
La Chine a enregistré une croissance de 8,9% au troisième trimestre 2009. Pékin s'en réjouit et se félicite de la reprise «meilleure que prévu». Les autorités estiment que, pour l'année, l'objectif de 8% - seuil nécessaire pour maintenir le niveau d'emploi - sera atteint. La confiance est de mise aussi pour 2010.
Pour en convaincre, une imposante délégation chinoise participe, ces lundi et mardi à Genève, à une conférence sur le thème «La Chine et une reprise économique durable». Durant deux jours, elle se prête, sous les auspices du Centre international pour le commerce et le développement durable de Genève, à un dialogue avec des représentants de l'économie suisse, des organisations internationales, de la société civile et du monde académique.
Selon le ministre d'Etat Yutal Zhang, chargé de recherches en politique économique, la Chine a réagi à temps avec des plans de relance pour faire face à la récession aux Etats-Unis et en Europe. Près de 1000 milliards de dollars ont été engagés dans de nouvelles infrastructures, dans le système de santé et la sécurité sociale, donnant une grande impulsion à la demande intérieure. Celle-ci a pris, dans une grande mesure, le relais des exportations.
Selon Simon J. Evenett, codirecteur du Centre de recherche en politique économique de l'Université de Saint-Gall, la grande masse monétaire en circulation risque de provoquer des bulles notamment immobilières et industrielles. Il a aussi mis en garde contre l'inflation. Pour sa part, Shusong Ba, vice-directeur de l'Institut de la finance de Pékin, a expliqué que les investissements dans les infrastructures n'allaient pas provoquer de bulle du fait que celles-ci étaient nécessaires pour élever le niveau de développement du pays ainsi que pour augmenter sa compétitivité. Il rejette également les doutes selon lesquels les banques chinoises seraient fragilisées pour avoir trop ouvert le robinet du crédit.
Il s'agit là d'un des plus grands défis posés par la crise. Plusieurs millions de travailleurs migrants ont dû regagner les villages après la fermeture de centaines d'usines. La situation s'annonçait aussi explosive puisque près de 25 millions de nouveaux travailleurs rejoignent le marché de l'emploi chaque année. Pour avoir visité une région industrielle récemment, le ministre Yutal Zhang a raconté que des usines commençaient à réembaucher. Dans certains cas, notamment pour les ouvriers qualifiés, c'est la pénurie. Le ministre estime que les investissements prévus par les plans de relance continueront à créer des places de travail.
L'impact de la crise a été brutal: moins 16% sur l'année. Tout en consolidant la demande intérieure, la Chine compte encore beaucoup sur les marchés étrangers. Elle espère que la reprise soit rapide et solide dans l'ensemble de l'économie mondiale, notamment aux Etats-Unis et en Europe. Yutal Zhang compte sur le renforcement de l'économie chinoise pour pouvoir, à son tour, augmenter ses importations.
Pour Simon J. Evenett, la Chine devrait s'attendre à de nouvelles mesures discriminatoires. L'emploi devrait se détériorer davantage dans les pays de l'OCDE ces prochains mois, et ces derniers seraient logiquement tentés de se prémunir pour minimiser la disparition de places de travail. Il souligne que la Chine n'est pas tout à fait innocente dans ce domaine: ses exportateurs ont baissé les prix, ce qui fait penser au dumping. Elle a aussi introduit des exemptions fiscales pour aider ses exportateurs.
Shusong Ba réfute l'idée qu'une monnaie chinoise sous-évaluée facilite l'exportation des produits chinois à bas prix et serait la cause des déséquilibres financiers mondiaux. Selon lui, il est aberrant de la part des pays de croire qu'on puisse équilibrer des balances de paiements par une politique de taux de change.
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