mardi 20 octobre 2009

US-RUSSIE - La nouvelle détente - Pierre Rousselin

Le Figaro - lundi, 12 octobre 2009, p. 17

Entre les États-Unis et la Russie, une nouvelle ère est possible. La lune de miel n'est pas encore acquise, mais certains signes vont dans la bonne direction. D'abord, le Kremlin a bien compris que Barack Obama était trop jeune pour avoir été façonné par la guerre froide. Par rapport à son prédécesseur, c'est un sacré changement. Et quand a été jeté par-dessus bord le projet de bouclier antimissile que George W. Bush voulait installer en Pologne et en République tchèque, le message a été entendu à Moscou. Comme le souligne Mikhaïl Gorbatchev, dans son entretien au Figaro, vingt ans après la chute du bloc soviétique, la Russie « veut saisir la chance » que représente pour elle la main tendue d'Obama. Il faut espérer que ses dirigeants sauront le faire.

À la différence de Vladimir Poutine, Dmitri Medvedev est de la même génération que son homologue américain. Lui non plus ne traîne pas l'héritage de la guerre froide. Une grande responsabilité et beaucoup d'espoirs reposent sur ses épaules. Surtout depuis que le président russe s'est livré, le mois dernier, sur le site gazeta.ru, à un diagnostic sans complaisance de l'état de son pays : « l'économie inefficace », « la sphère sociale semi-soviétique », « la démocratie faible », « la tendance démographique négative », « le Caucase instable »...

Entre les deux anciens ennemis de la guerre froide, la donne a complètement changé. Le combat idéologique a disparu. Chacun attend de l'autre qu'il cesse de lui créer des difficultés. Et, si possible, qu'il l'aide à résoudre ses propres problèmes. Ceux de la Russie ont été énoncés par Medvedev. Ceux de l'Amérique ont pour noms Afghanistan, Iran, Irak... ou bien, à plus long terme, l'émergence de la Chine. Le grand retour des États-Unis au multilatéral, proclamé à la tribune de l'ONU par Obama, implique que le Kremlin joue le jeu. Des deux Russie, celle qui est tournée vers l'avenir peut y trouver son intérêt. À condition toutefois d'être assurée que les nostalgiques de la guerre froide ne sont plus écoutés à Washington.

Cette semaine à Moscou, Hillary Clinton pourra mesurer l'effet qu'ont eu les récentes décisions de l'Administration américaine. Après l'ouverture à Genève de discussions avec Téhéran, le dossier du nucléaire iranien est un premier test. Si Washington et Moscou parviennent à s'entendre là-dessus, d'autres perspectives s'ouvriront. Déjà, Boeing avance ses pions. À l'heure où la crise exacerbe la concurrence, d'autres suivront, et les Européens devront se battre pour ne pas faire les frais de cette nouvelle détente.

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