Le président américain a entamé hier soir à Shanghai sa première visite officielle en Chine. Jusqu'à mercredi, il entend mettre en avant les possibles « coopérations » avec les autorités de Pékin et affirme vouloir éviter les affrontements économiques contre-productifs.
Avant même d'arriver hier soir à Shanghai, où il a entamé son premier séjour officiel en Chine depuis son élection, le président Barack Obama a confirmé, à chacune des étapes de sa grande tournée asiatique, qu'il avait pris pleinement conscience de la nouvelle aura de la puissance chinoise dans la région et qu'il entendait adapter la politique américaine à cette nouvelle donne.
Dès son grand discours de Tokyo samedi, le dirigeant avait expliqué que « les Etats-Unis ne cherchaient pas à contenir la Chine ».« Au contraire, l'émergence d'une Chine puissante, prospère peut être une force pour la communauté des nations », avait lancé le chef de l'Etat, qui entend mettre en valeur, au cours de ses quatre jours d'entretiens avec les officiels et de visites, les promesses d'une « coopération approfondie » avec les autorités de Pékin sur les grands dossiers économiques et diplomatiques de la planète. Depuis son arrivée à la Maison-Blanche, Barack Obama dit en effet vouloir abandonner les affrontements « stériles » avec le régime communiste et évite les attaques frontales sur l'absence d'Etat de droit, la sous-évaluation du yuan ou les menaces protectionnistes.
Pour ne pas braquer ses interlocuteurs chinois, la délégation américaine emmenée par le président aurait ainsi accepté hier de ne pas inclure dans le communiqué final du sommet de l'Apec (Forum de coopération Asie-Pacifique), qui se tenait, à Singapour, un passage louant les « taux de change évoluant en fonction des marchés ». La phrase, réclamée par beaucoup de pays exportateurs concurrents de la Chine, aurait agacé Pékin, qui fixe, chaque matin le taux de change de sa monnaie en fonction de son propre agenda économique et a décidé, depuis dix-huit mois, d'arrimer son yuan au dollar pour ne pas risquer un renchérissement des productions « made in China » sur les marchés mondiaux.
De timides promesses
Si la Chine semble ravie du ton conciliant adopté depuis quelques mois par l'administration Obama, elle n'a, pour l'instant, cédé sur aucun des dossiers globaux que Washington compte faire progresser. Le gouvernement chinois n'a pas accru sa pression sur les pouvoirs iranien et soudanais, dont il reste l'un des principaux soutiens dans les enceintes internationales. La dénucléarisation de la Corée du Nord n'avance pas, même si Pékin affirme avoir déployé toute son énergie pour ramener Pyongyang à la table des négociations. Et les promesses du pouvoir chinois dans la lutte contre le réchauffement climatique restent timides, à quelques jours du sommet de Copenhague.
Confortée par le rapide rebond de sa croissance - elle atteindra plus de 8 % cette année -, la Chine apparaît, parallèlement, plus confiante et s'est permis d'accroître, ces derniers mois, sa pression sur les Etats-Unis. Vendredi à Singapour, le président chinois, Hu Jintao, a ainsi fermement condamné le protectionnisme« irresponsable »de certains pays développés, dans une allusion à peine voilée aux mesures prises récemment par Washington contre les pneus et les tubes en acier chinois vendus aux Etats-Unis. Demain, lors de sa rencontre avec Barack Obama, l'homme fort du régime communiste pourrait encore se permettre de redire son inquiétude face à la dangereuse poussée du déficit budgétaire américain, qui pèse sur le cours du billet vert et, naturellement, sur la valeur des 2.270 milliards de dollars de réserves de change de son pays, dont les deux tiers sont investis dans des actifs libellés en devise américaine.
Yann Rousseau
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