lundi 9 novembre 2009

La « Chine-Afrique » a rendez-vous en Égypte - Arnaud de la Grange

Le Figaro, no. 20321 - Le Figaro, lundi, 30 novembre 2009, p. 11

Le sommet de Charm el-Cheikh doit sceller l'alliance avec Pékin.

C'est la Chine qui va à la rencontre de l'Afrique, pour ce premier sommet sino-africain depuis Pékin en 2006, où s'étaient pressés une bonne trentaine de chefs d'État africains. En compagnie du président égyptien, Hosni Moubarak, le premier ministre Wen Jiabao donnera dimanche le coup d'envoi de ce forum qui se tient à Charm el-Cheikh, sur la mer Rouge. Il doit y dévoiler une « feuille de route » pour la coopération jusqu'en 2012.

En moins de dix ans, la relation entre la Chine et l'Afrique a connu un spectaculaire essor. Elle est clairement passée du terrain politique, quand il fallait rivaliser avec Taïwan pour compter les partenaires diplomatiques, au champ économique. Les échanges commerciaux ont décuplé, atteignant 107 milliards de dollars en 2008, en hausse de 45 % sur un an. Ils ont dépassé pour la première fois les échanges avec les États-Unis. Les investissements directs chinois en Afrique ont aussi bondi de 490 millions de dollars en 2003 à 7,8 milliards de dollars l'année dernière.

Investissements massifs

Lors de sa quatrième tournée africaine en février dernier, le président Hu Jintao a souligné qu'il allait à la rencontre d'« amis » et non de simples « fournisseurs ». On reproche souvent à la Chine de ne voir en Afrique qu'un vaste sous-sol d'où l'on extrait pétrole et minerais stratégiques. De fait, les importations chinoises sont écrasées par l'or noir (39 milliards sur un montant de 56 milliards de dollars). La Chine répond que partout, et notamment dans des pays d'où les Occidentaux se sont désengagés, elle construit routes, ponts ou centrales électriques. En juillet 2008, un rapport de la Banque mondiale a reconnu que les investissements massifs de la Chine contribuaient à réduire la pauvreté dans des pays délaissés d'Afrique. L'autre reproche est celui du peu de cas fait des droits de l'homme. Pékin vient de l'illustrer en annonçant 7 milliards de dollars d'investissements en Guinée, quelques jours après le massacre de 150 manifestants de l'opposition. Avec l'Afrique, la Chine abandonne sa posture de grande puissance montante pour jouer sur le tableau d'un pays encore émergent. C'est ce qu'a exprimé récemment le chef de la diplomatie chinoise, Yang Jiechi, rappelant que « la Chine est le plus grand pays en développement, tandis que l'Afrique comprend le plus grand nombre de pays en développement ».

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