Sans rien lâcher d'essentiel sur ses bases militaires au Japon, Washington adapte ses priorités stratégiques.
«Sayonara Nihon!» (Adieu le Japon). Jamais Barack Obama ne se serait permis une telle impolitesse ce week-end, mais impossible de ne pas constater que le président américain salue l'avènement de la Chine - dans une région où les Etats-Unis ne sont plus l'unique superpuissance dominante - au rang de «partenaire stratégique».
Comment en serait-il autrement? Courant 2010, l'Empire du Milieu pourrait rafler au Japon son titre de «2e puissance économique mondiale». Surtout, la Chine est aussi devenue le premier bailleur de fonds de l'économie américaine en finançant sa dette abyssale. A Tokyo, samedi, souriant, très décontracté, Obama a reconnu, devant 1500 invités stoïques, cette nouvelle donne: «Les Etats-Unis, a-t-il dit, n'entendent pas contenir la Chine.»
De là à ce que la Chine remplace un jour le Japon au rang d'«allié No 1» dans la région, l'idée semble saugrenue. Face à la Corée du Nord - une épine à la fois pour Pékin, Tokyo et Washington - les Etats-Unis entendent maintenir leurs 89 bases et camps militaires au Japon. Le but des stratèges du Pentagone reste de garder «100?000 hommes en Asie», pour pérenniser la suprématie militaire des Etats-Unis dans la région
De leur côté, les Chinois n'ignorent pas qu'avec une Corée du Nord menaçante à leurs portes, les Etats-Unis ne remettront pas en cause - au grand dam des Japonais - la présence de ces bases.
Les dollars grâce à la Chine et le bâton grâce au Japon? Le fait est que dans la nouvelle Asie rêvée par Barack Obama, le rôle du Japon semble moindre.
Quelle voie pour Tokyo? Le Japon ne veut plus supporter le fardeau financier des bases US sur son territoire. Il prône, à l'égard des Etats-Unis, une relation «d'égal à égal». Les Etats-Unis veulent continuer à «coopérer» avec le Japon, mais semblent pressés d'élaborer, eux aussi, avec la Chine, une relation «d'égal à égal».
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